I
VIème siècle avant J-C, Athenae
Par un doux après-midi de printemps, une jeune femme aux longs cheveux noirs marchait pieds nus en soulevant sa longue robe écrue sur les bords d’une rivière qui coulait gentiment des montagnes.
Cosima ne put se retenir davantage et s’avança à pas légers près du cours d’eau. Jetant quelques coups d’œil alentour pour vérifier qu’elle était bien seule, elle glissa lentement un orteil dans le liquide. La température était idéale, elle eut immédiatement envie de s’y introduire en entier.
Toutefois, elle eut un instant d’hésitation, la légende disait que quiconque se baignait dans le lac des Nymphes, risquait d’affreux maux. La jeune femme prit le risque, l’appel de l’eau était bien trop puissant, alors d’un geste rapide et précis, elle retira sa tunique.
Le vent jouait gaiement sur sa chute de reins, caressant la pointe de ses cheveux. Elle se sentait forte, revitalisée dans sa nudité. Elle inspira à pleins poumons avant de s’élancer dans la source.
Une cheville, deux mollets, deux cuisses, taille, poitrine, Cosima était entièrement baignée. L’eau était à température idéale, elle se rapprocha du rocher dans la brèche duquel cheminait le liquide pour enfin se déverser dans l’étendue paisible. Elle passa la tête dessous, ses cheveux s’alourdirent.
Après plusieurs heures à tremper et nager dans la source, elle rejoignit la berge, le corps encore humide, elle renfila sa robe crème et reprit le chemin jusqu’à sa demeure.
Durant le trajet, Cosima se sentit affreusement bien, aucune douleur, aucun mal ne semblait l’avoir affectée, en jetant un regard au ciel rouge orangé, elle eut un petit sourire en coin, ces légendes n’étaient vouées qu’à restreindre les habitants de la Cité, ni plus ni moins qu’à leur faire peur, à les dissuader de faire preuve d’audace.
Lorsque son épouse Cosima passa l’arche de leur chambre, Cyriac eut la sensation d’être saisit d’un vertige. Sa belle ondulait des hanches jusqu’à leur couche, ses yeux enjôleurs, il sentit le désir poindre, ses muscles se contracter.
Cosima observa son bel amant, allongé à son aise sur les draps blancs, son corps nu à demi dissimulé. Ses muscles bandés et son regard charmeur étaient une invitation à la luxure.
Par une froide soirée de décembre, Cosima fut prise d’un mal à lui faire tourner la tête, son front perlant abondamment, son abdomen se contracta puissamment. Elle respira goulûment, Cyriac, à son côté appela immédiatement de l’aide. Alors que la jeune femme souffrait terriblement, Cyriac serrait sa main fermement dans les siennes en lui murmurant de douces paroles.
Après tant de souffrance, sa libération survint dans la nuit.
Néanmoins, sa servante à laquelle on avait apporté du linge propre n’enveloppa pas l’enfant qu’elle venait de mettre au monde et qui hurlait.
Cyriac lui demanda même pourquoi es-ce qu’elle ne le prenait pas pour le leur donner, et elle s’exécuta.
Lorsque Cosima aperçut ses yeux bleu si intense elle eut la désagréable sensation que quelque chose n’allait pas. Comme elle écartait les couvertures, elle eut la confirmation qu’il s’agissait bien d’une fille. Néanmoins sa peau si particulière manqua lui arracher un cri d’effroi. Cyriac fit déguerpir toutes les femmes de la demeure et s’approcha de son épouse. Il lui murmura des paroles réconfortantes en l’embrassa tendrement sur le sommet de son crâne d’ébène.
Leur fille avait la peau, les yeux et les cheveux bleus.