Chapitre 1 : Retrouvailles
Cette histoire commence sur la planète Vestarès, la planète des vampires. La nuit est orageuse et le sol, boueux. Il marchait d'un air absent, il tentait, depuis déjà deux longues heures, de lever le voile de brume qui planait sur certain de ses souvenirs d'enfance. Ses vêtements étaient trempés par la pluie. Au-dessus de sa tête grondait le tonnerre, tandis que la foudre striait le ciel gris en y propageant des lueurs effrayantes. C'était un adolescent de quatorze ans du nom de Melkin Vestario mesurant un peu plus d'un mètre soixante-dix, au teint mat, doté d'une chevelure hérissée en pics à l'arrière d'une couleur bleu si foncée qu'elle paraissait presque noire. Symétriquement, deux mèches de cheveux lui tombaient de chaque côté du visage, devant les yeux. Il avait les épaules carrées et sous sa tunique mouillée l'on pouvait découvrir un corps fort bien musclé et correctement proportionné.
Son pantalon en cuir noir de tarbaucus (taureaux aux longs poils et possédant deux têtes spécifiques à Vestarès) commençait à le démanger. Il commença donc à se hâter de rentrer à sa cabane. C'était un abri rudimentaire à deux étages perché dans les arbres qu'il avait construit lui-même depuis son bannissement du palais royal des vampires noirs. Chez les vampires noirs la tradition voulait que les jeunes soient bannis dans la nature à dix ans. N'emportant avec eux seulement quelques vêtements de rechange et trois armes blanches de leur choix. N'ayant aucunes possibilités de retour avant l'âge de quatorze ans, ils doivent se débrouiller seul. Mais à cause de certaines particularités et surtout à cause de son maître il avait dut passer un an de plus que les autres sur le Continent Abandonné. Il ne lui restait plus que deux jours avant de pouvoir enfin retourné au château, la tête haute, fier d'avoir survécu à l'initiation du Continent Abandonné.
Il entra dans sa cabane en bois non sans un certain soulagement. Il alluma un feu dans une cheminée de fortune constituée pour l'essentiel de pierres plates, scellées dans un mélange d'argile et de boue séchée. Le tout reposait sous un manteau de bois qui constituait le revêtement extérieur de la cheminée. Au sol, de la terre et du sable protégeait le plancher en bois du feu.
» Ouah! Qu'est-ce que ça fait bien, pensa-t-il tout en ôtant sa tunique afin de la faire sécher devant le feu qui répandait une douce chaleur dans la pièce.
Il dégusta une écuelle de baies et de mûres puis il s'endormit sur une couchette composée d'un cadre de bois, de ce même mélange argile/boue qui lui servait de mortier et de colle. A l'intérieur du cadre, un sable très fin récolté pendant la saison du Feu (celle-ci correspond à l'été) recouvert de plusieurs peaux de bête cousues les unes aux autres à l'aide de tendons de tarbaucus. Ce soir là il dormit comme un loir.
Deux jours plus tard, il se leva une heure avant l'aube afin de rassembler ses affaires puis quitta la cabane et se mit en chemin pour atteindre la lisière de la forêt en se maudissant. Il n’avait pas fermé l’œil depuis un peu plus d’une semaine et passait ses nuits. Il disposait de pas mal de temps étant donné que lorsqu'il était parti le soleil commençait à peine à se lever. Il marcha deux heures durant, s'arrêtant ça et là pour cueillir quelques fruits mûrs. Il cheminait paisiblement à travers la forêt lorsqu'il entendit des branches qui se trouvaient au sol craquer. Il se figea, aux aguets. Lorsqu'il tourna brusquement la tête il constata avec soulagement que ce n'était qu'un loup. Il poursuivit son chemin et aboutit au pied d'une montagne. C'est alors qu'il poussa soudain un cri d'horreur suivi d'un second qui tenait plus de la lamentation en se souvenant qu'il aurait normalement dût déboucher sur un désert. Il rebroussa chemin en courant aussi vite que ses jambes pouvaient le porter. Il ne lui restait que peu de temps avant le coucher du soleil, trois heures précisément. Il avait beau se hâter de tout son être, cette forêt lui paraissait interminable et il commençait à désespérer. Une heure avant le crépuscule, essoufflé, il décida de faire une brève pause de dix minutes. Puis il se remit à courir tout droit vers le désert. A partir de là tout ce qu’il pouvait faire se résumait à courir droit devant lui et espérer.
Elénia, qui attendait près de sa monture, entendit au fond du sous-bois un bruissement qui laissait à penser que quelque chose de plutôt volumineux arrivait dans sa direction à très vive allure.
« J’espère que je ne vais pas tomber sur un tassiarm adulte. »
Ces prédateurs redoutables ressemblaient en tous points à des tigres à dents de sabres à deux détails prés : ils étaient aussi rapides mais beaucoup plus endurants que les vampires. Les vampires étaient leurs proies favorites sur ce continent. Le problème étant que c’était sur ce continent qu’ils étaient les plus nombreux. Avec le temps, vers cent ans, les vampires devenaient suffisamment forts pour les tués à mains nues. Mais le hic c’était qu’elle n’avait que seize ans.
Luttant pour reprendre son calme et garder le contrôle de ses membres qui s’étaient mis à trembler sous l’effet de la panique et de la peur, elle se dirigea vers sa monture. L’espace d’un instant elle eut irrésistiblement envie de s’enfuir sur son dos et l’agitation de la chauve-souris géante ajouta à sa peur mais elle se ressaisit. Elle prit son arc sur le flanc gauche de la créature volante et le banda se tenant prête à décocher une flèche si cela s’imposait. Malgré la rapidité avec laquelle avait essayé d’encocher sa flèche et se tenir prête à toute éventualité, elle fut totalement désemparée lorsqu’elle vit ce qui ce qui sortit d’entre les arbres. Les yeux remplis de stupeur, elle ne put que détendre la corde de l’arc et le laisser tomber dans le sable. Elle était tellement stupéfiée qu’elle ne réagit même pas et resta pétrifiée en voyant la chose, prise dans sa course folle, trébucher, effectuer un magnifique vol plané et finir par s’écraser sur elle.
Melkin, soufflant et suant comme un buffle, était épuisé, écorché sur tour le corps et ressemblait à quelque monstre humanoïde dont la fourrure serait composée de feuillages et de branchages pour l’essentiel. A cause de tout cet enchevêtrement il ne vit pas un morceau de rocher qui dépassait du sable et il trébucha dessus. Ce fut seulement au dernier moment, en retombant, qu’il s’aperçut qu’il y avait quelqu’un en dessous. L’inévitable collision eu donc lieu.
Se remettant du choc, il détailla la personne sur qui il était tombé tout en se débarrant de l’enchevêtrement de branches et de feuilles. Il s’agissait d’une fille qui devait certainement avoir le même âge que lui sinon elle devait avoir un ou deux ans de plus, au maximum trois, pas au-delà. Il la regarder se relever. Elle était svelte, avait une longue chevelure noire d’ébène qui cascadait dans son dos jusqu’à ses fesses ainsi que deux magnifiques yeux d’un vert émeraude chatoyant dans lesquelles se reflétaient les lueurs crépusculaires du désert. A coté d’elle se tenaient une Lektrosba (chauve-souris géante à la tête allongée et au long cou) portant une armure noire en raikithril (métal très cher, inoxydable et incassable qui ne peut être forgé qu’une seul fois, sauf exceptions très particulières).