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Anges démoniaques (roman fantastique)

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Re: Anges démoniaques (roman fantastique)

Messagepar PlumeAPapote » 16 Juin 2014 18:19

Chapitre 9 : Délit d’anticipation

— Pourquoi ai-je la sensation de braver les interdits ? lança Graciane en ricanant.
Alistaire se coula vers elle, les yeux brûlants.
— Je ne sais pas, chuchota-t-il en la plaquant violemment contre un large tronc d’arbre.
Le sol du parc était clairsemé d’une fine pellicule de neige, la nature environnante était silencieuse et le ciel dégagé. Le vampire posa ses lèvres contre son cou tout en basculant son bassin contre le sien pour l’immobiliser. Il frotta son nez contre sa gorge en écartant ses longs cheveux blonds. Il la huma délicieusement tout en la maintenant à quelques centimètres au-dessus de lui. Il plongea son regard de braise dans le sien tandis qu’elle lui souriait. Il lui captura la bouche, fiévreusement, s’en suivirent ses seins, autant que le lui permettait son débardeur à fines bretelles. Comme elle lui agrippait fermement les cheveux avec sa force Vim Sanguis, il se rassura en se rappelant que les vampires n’étaient pas touchés par la calvitie.
Il écarta son fessier, laissant une distance adéquate entre eux deux, avant d’afficher un petit sourire en coin, qui creusait joliment sa joue. Alors lorsqu’elle glissa ses deux mains au plus près de son intimité, il ferma les yeux de ravissement. C’était encore mieux que ce qu’il avait anticipé grâce à ses pouvoirs.

Des heures passèrent avant qu’ils ne reprennent le chemin du Repaire, où résidait Graciane. Ils marchèrent sans se presser à travers bois.
— Pourquoi n’as-tu jamais créé de Prolis ? J’ai hâte d’être en 2030, lorsque je serais enfin autorisée, l’interrogea Graciane alors qu’elle avisait le ciel étoilé.
— Je n’ai pas ressentis de déclic chez les humains que j’ai pu côtoyer.
— Attends, si je compte bien, cela fait plus de mille ans que tu aurais pu agrandir les rangs de ton clan mais que tu n’as pas voulu puisque qu’aucun ou aucune n’était pour toi, à la hauteur ?
— Oui, mille vingt trois ans exactement, répondit-il ses yeux grenat légèrement dans le vague.
— Waouh ! C’est un accord tacite au sein du Clan du Grand Parc ? Parce que les autres c’est un peu pareil, Esteban, Léocadie… même ton Créateur Ogier a attendu pas mal de temps.
— Oui plus de cent soixante ans avant de me transformer. Il faut croire que nous sommes très exigeants, victimes d’un perfectionniste outrancier.
Comme elle agitait la tête avec un petit sourire, elle croisa ses yeux, deux rubis usé par le temps.
— Olala quand je pense au nombre d’années que tu as passées en tant que vampire, je me demande comment tu as fais. D’ailleurs, ce doit être un secret de Clan, ton chef, Taraise a été métamorphosé en sept cent quarante sept, c’est approximativement mille deux cent années de plus que le Grand Maître ! C’est incroyable.
— Que veux-tu ? répondit Alistaire en haussant ses épaules massives.
— Mais il faut dire que vos pouvoirs sont carrément impressionnants et très utiles contre les attaques des sorciers.
— C’est sûr !
Ils marchaient main dans la main dans l’obscurité réconfortante des arbres lorsqu’une voix féminine retentit, tout près d’eux : « ah oui vraiment ? ».
Les deux vampires se retournèrent promptement tandis qu’un petit groupe de sorciers apparaissait derrière eux. Prune, la sœur de Sosthène avait ramassé ses cheveux dorés en une haute queue de cheval et portait bien en vue ses redoutables armes aiguisées. Elle était encadrée par Victorine, la sœur d’Eliott Combas, de Viviane et Elfléda les deux sœurs de Karen Combas et enfin de Siegfried, le fils de Viviane. Alistaire prit immédiatement une position de combat, il grogna pour faire bonne mesure et sans même s’en rendre compte, il s’interposa de sa large carrure entre les sorciers et Graciane. Cette dernière ne s’en offusqua pas et s’élança dans les airs avant d’atterrir à quelques pas du jeune sorcier. Elle lui asséna un violent coup de pied au thorax et il s’effondra, la respiration coupée. Elle ne perdit pas une minute et tenta de déstabiliser les deux sœurs, Viviane, fortement déconcentrée par la chute de son fils reçut un violent coup au visage. Elle chuta lourdement au sol avant de ramper jusqu’à Siegfried s’assurer de son état.
— Grace attention, derrière-toi ! l’interpella Alistaire.
La jeune Vim Sanguis se retourna en planant à bonne hauteur tandis qu’Elfléda se préparait à décocher une gerbe de sorts. Elle esquiva chacune des étincelles avant de reposer ses deux pieds sur le sol humide. Graciane, redoutable grâce à son sang de Vim Sanguis, faisait s’abattre un déluge de coup de pieds et de poings tandis que les Chaunay, se défendaient comme ils pouvaient. Les premières étincelles rouges et vertes jaillissant frénétiquement de leurs paumes rebondirent contre son corps bandé sans que cela n’eut un quelconque effet sur elle.
— Ne lâche rien Siegfried, l’encouragea sa mère, Viviane.
Graciane grogna et lévita hors de portée, alors que les sortilèges doublaient d’intensité. Elle fut touchée plusieurs fois, sa poitrine commença à perler de minuscules goutteles vermillon, son débardeur bleu nuit se macula rapidement d’une substance poisseuse. La Vim Sanguis ne renonça pas pour autant, elle tenta d’assommer ou tout au moins de blesser suffisamment la sorcière avant que ses forces ne disparaissent totalement.
Alistaire se plaça entre les deux sorcières. Victorine et surtout Prune ne lâchaient rien, lançant des sorts tout en essayant de l’atteindre avec leurs mains et pieds – de façon quelque peu hasardeuse concernant Victorine. Prune tira un petit poignard de son emplacement situé sur sa cuisse et débuta un enchaînement maîtrisé. Le vampire, les crocs en dedans, demeurait placide. Alors que Prune visait son bras gauche et Victorine sa poitrine, il esquiva en se déplaçant de quelques centimètres sur la droite.
Victorine prépara un lourd assaut de sortilèges, ses mains s’illuminèrent puissamment d’un éclat cramoisi. Sans se départir de son flegme, il se décala encore et encore, silhouette évanescente, indomptable. Victorine et Prune s’échinaient à essayer de le blesser, s’agitant en tous sens, la respiration bruyante, des perles de sueur à la lisière de leurs cheveux blonds.
Tandis qu’il demeurait insaisissable pour les deux sorcières, il vit Graciane en assez mauvaise posture, ses forces la quittaient, ses réflexes étaient grandement affectés et sa poitrine et ses bras dégoulinaient de sang.
Il aurait pu continuer ainsi jusqu’à épuisement total des deux sorcières, mais il ne pouvait se permettre d’attendre l’aube.
Il asséna un violent coup de coude dans la pommette de Victorine qui explosa sous l’impact. La sorcière s’éloigna, une grimace sur le visage. Prune s’acharna hargneusement contre lui : elle s’empara de deux poignards et s’escrima à défendre sa vie, malgré l’énergie du vampire. Il para plusieurs coups très agiles mais la sorcière était rapide, alors elle parvint toutefois à planter sa lame dans l’abdomen d’Alistaire. Ce dernier commençait sérieusement à fatiguer, il devait récupérer Graciane au plus vite et la reconduire au Repaire avant qu’il ne dispose plus de la force nécessaire.
Victorine envoya une puissante Lux Sphaera en direction de Graciane. Le temps sembla se suspendre, Alistaire tourna la tête vers elle, tandis que la vampiresse réalisait petit à petit se qu’il se passait.
L’impact fût mémorable.
Graciane s’effondra vers l’arrière, son corps massif chuta lourdement sur le sol d’or blanc.
Alistaire ne put retenir une bruyante exclamation. Prune en profita pour lui porter un coup de sa lame effilée. Le sang redoubla, tâchant plus encore son pull noisette. Il se rapprocha tant bien que mal que Graciane en tenant sa plaie d’une main. La vampiresse était immobile, faible. Alors que Prune riait aux éclats en chargeant une boule de lumière dans sa paume, Alistaire usa de ses dernières forces pour hisser Graciane sur ses épaules avant de se tourner vers les deux sorcières belliqueuses. Il puisa le reste de pouvoir qui lui restait et esquiva l’attaque, avant de s’envoler vers la cime des arbres, Graciane dans les bras, toujours inconsciente.
Tandis qu’il rejoignait le Repaire, il ne cessait de jeter d’inlassables coups d’œil inquiets à Graciane dont la tête dodelinait contre sa poitrine. Il s’encouragea à voix basse, sa plaie à l’abdomen aspirait ses dernières forces, il se demanda même s’il parviendrait à ramener Graciane à l’abri avant l’arrivée de l’aube. Alors que la jeune vampiresse ne remuait pas, il sentit ses pouvoirs quitter son corps massif, il dut piquer en direction du sol tapissé de feuilles dorées. Sa vue se troublait, il serra les poings, il se devait de résister encore, pour Graciane…
Il jeta un tendre regard à la jeune Vim Sanguis alors qu’il se sentait s’effondrer.
Il émergea quelques minutes après, une pluie fine entamait son manège sous le regard charmeur de l’astre solaire dont les premiers rayons illuminaient le ciel à demi couvert. Tournant son visage tordu par la douleur, il put constater que Graciane n’avait pas reprit connaissance, une cicatrice étoilée marquait son épaule. Il se redressa sur un coude, parcourant les environs en clignant incessamment des yeux, alors que le jour se levait fièrement.
Incapable de les ramener tous deux au Repaire, ils s’affaibliraient et resteraient inconscients si aucun vampire allié ne les retrouvait. Il pria pour qu’aucun sorcier ou vampire ennemi ne tombent sur eux par hasard, sinon s’en serait terminé d’eux.
Dans un dernier élan, il tira Graciane à couvert, sous un large sapin afin qu’elle soit le moins possible affectée par la lumière du jour. Alors qu’il utilisait ses toutes dernières forces, il s’effondra avant de regagner lui-même l’obscurité des branches basses et touffues.

L’astre étirait ses rayons sur toute l’étendue de la forêt tandis qu’il s’élevait petit à petit vers les cieux grisâtres en passant par la légère couche de brume. Il jeta un regard à Alistaire, éclairant délicatement son visage de prime abord avant de l’étudier dans le détail. Sa peau blafarde s’illumina alors que les faisceaux caressaient ses joues, sa mâchoire, ses paupières closes. La jeune vampiresse se trouvait à ses côtés, une main recroquevillée dans la sienne. Ses cheveux mordorés s’enflammèrent d’innombrables reflets tandis que le soleil se perdait dans ses douces mèches. Tout deux immobiles, le soleil taquin, aspirait leurs dernières forces, les emprisonnaient dans l’écrin de son ventre dodu.



— Cette satanée Prolis ! Isidore n’a d’yeux que pour elle, lâcha Diane les yeux exorbités.
Laudine, assise aux côtés de sa Maîtresse sur le second fauteuil parme situé dans la chambre, agita la tête.
— Comme si elle était la plus douée du Repaire, pff. De toute façon je vois clair en lui, il projette de se débarrasser de nous, oui, les Nebula sont bien moins intéressants pour lui et ses combats avec l’ennemi ! Ce n’est pas aux Nebula qu’il apprend ses fichues techniques de défense ! Non ! Pourquoi perdre du temps avec le rang inférieur ! S’époumona Diane tout en s’agitant sur son fauteuil.
Laudine écoutait silencieusement, la mine inquiète.
— Tiens je comprends mieux que certains aient pu s’élever contre lui, il se dit bienfaiteur, différent, évolué, tu parles ! Il discute de ceci de cela avec Lad, et moi dans tout ça ? Mon avis, il n’en a cure !
Laudine souhaitait lui faire reprendre son calme alors elle lui proposa d’une toute petite voix : « Maîtresse, laissez-moi vous apporter un peu de sang frais, si vous le permettez ».
Diane agita la main comme lui signifier qu’elle le pouvait si cela lui plaisait.
Alors, Laudine descendit à la Réserve, Sévérian ne put retenir un froncement de sourcils tandis qu’elle se dandinait de l’escalier jusqu’aux doubles portes. En entrant, elle parcourut la pièce de son regard acéré qui s’arrêta subitement sur un jeune homme à l’allure assurée. Elle se précipita sur lui, le tira par le bras pour le faire se lever. Tandis qu’elle se dirigeait avec l’homme vers les doubles portes, la responsable des Ancilla Minium l’interpella sévèrement : « vous ne pouvez pas l’emmener ! Ils ne sont pas autorisés à quitter la Réserve ! ». Son regard ne trahissait en rien une quelconque peur de la vampiresse. Elle saisit fermement l’autre bras du donneur tout en foudroyant Laudine. Cette dernière souffla bruyamment avant de rétorquer : « c’est pour la Maîtresse des Nebula Tenebrae ! Vous n’oseriez pas le lui refuser ? ». Laudine avait lancé sa dernière réplique d’un ton doucereux en haussant les sourcils.
— Les mêmes règles s’appliquent à tous !
La jeune black ne put s’empêcher de dévoiler ses crocs. La vieille femme soutint son regard, la mâchoire crispée. Laudine finit par lâcher le bras du jeune homme, qui retourna s’asseoir sur son fauteuil écarlate. La vampiresse passa au comptoir et s’empara violement d’une bouteille en verre contenant du plasma d’un éclatant vermeil, avant de repasser les doubles portes et retourner à la chambre de sa Créatrice.
— Je vous ai sélectionné le meilleur breuvage ! lança-t-elle, enjouée, en refermant la porte.
Diane s’empara de la bouteille qui lui était tendue et la pointa à ses lèvres machinalement. Tandis qu’elle ruminait, Laudine s’efforçait de trouver quoi répondre.
— Pourquoi ne pas créer d’autres Prolis, Maîtresse ?
— Ne le prends pas mal Laudine mais je déteste les nouveaux vampires. C’est imprévisible, ça requiert énormément d’attention, je déteste materner ! Ils sont si faibles, si ignorants, non, je ne pourrais plus m’en occuper. Je ne le referais plus, une fois il y a plus de dix ans, désormais je n’ai plus la patience !
La vampiresse fit une mine contrite sans répondre.


Il perçut un liquide sucré, agréable, chaud sur ses lèvres. Il aspira ce qui lui était offert. Très vite, il sentit de maigres forces lui revenir, ses sens se déclenchèrent à nouveau et il sentait qu’il réinvestissait un corps mouvant. Lorsqu’il eut la force de soulever ses paupières, il vit un vampire penché sur lui, après avoir fait le point, il s’aperçut qu’il s’agissait d’Ogier. Son Créateur le fixait avec inquiétude, quelques rayons de soleil filtrait à travers les branchages et éclairaient la nature environnante, en se reflétant sur les centaines de feuilles cuivrées éparpillées.
Il était parvenu à lui envoyer un appel à l’aide par la pensée quelques secondes à peine avant de sombrer.
Tandis qu’Ogier le hissait sur ses épaules, il aperçut Valère, un grand brun à la large carrure faisant lui aussi partie du Clan du Grand Parc, prendre dans ses bras, Graciane, avec délicatesse. Puis ils quittèrent la terre ferme tout en restant le plus possible sous le couvert des arbres, pour éviter au maximum les rayons du soleil.
Le sang que son Créateur l’avait contraint à avaler lui avait permis de reprendre connaissance, mais l’infime quantité et l’heure matinale participèrent à rendre sa blessure douloureuse de nouveau.

Sous l’éclat de l’astre solaire, Ogier transporta son Prolis sans faiblir tandis que son visage blême était caressé par de doux rayons. Ses iris vermeils attirèrent la lumière qui s’y refléta, illuminant son air sombre et déterminé. A ses côtés, Valère portait Graciane tout en survolant le sol à l’abri des pins et marronniers. Il lui jetait quelques brefs coups d’œil, la jeune vampiresse n’ayant pas soulevé les paupières une seule fois. Elle était totalement inanimée, les bras ballants, Valère devait puiser considérablement dans ses forces pour parvenir à la soutenir, mais il ne flancha pas et les deux vampires gagnèrent enfin l’abri confortable du Repaire. Sévérian et Héribald se hâtèrent de leur ouvrir le grand portail en fer puis de les aider à porter Graciane et Alistaire jusqu’au dernier sous-sol. Ils furent étendus à même les cristaux de roche, Héribald remonta chercher quelques bouteilles de la meilleure cuvée d’hémoglobine disponible.
Lorsqu’il revint dans la pièce très peu éclairée, Graciane et Alistaire se remettaient petit à petit de leurs blessures, leurs plaies et contusions disparaissant au fur et à mesure qu’ils puisaient dans l’énergie des blocs. Ogier se chargea d’administrer le contenu visqueux à son Prolis en lui soutenant la tête.

Le vampire reprit connaissance à la suite de quelques heures où il fut bordé par son Créateur. Lorsqu’il se redressa sur ses coudes, il parcourut immédiatement la pièce des yeux à la recherche de Grace. Comme il s’apprêtait à balancer ses pieds par dessus le bloc de cristaux, Ogier le retint d’un geste vigoureux du bras.
— Elle n’a pas encore reprit conscience, on s’occupe d’elle, reste tranquille, tu as encore besoin de repos.
Comme il la vit allongée à quelques mètres de lui, l’air serein, pas le moins crispé par la douleur, il consentit à reposer sa tête sur la surface dure, quelques peu soulagé.
Alistaire ne put réprimer le besoin de surveiller lui-même Graciane, étendue sur les cristaux. Il prit appui sur son coude et garda ses yeux rosis dardés sur son visage inexpressif.
Ogier veilla longuement sur son Prolis avant de se rendre dans le bureau d’Isidore afin de le remercier de les accueillir au Repaire jusqu’à la tombée de la nuit. Le Grand Maître, balaya d’un geste nonchalant de la main ses propos en lui assurant qu’ils étaient les bienvenus à tout instant.
Les hommes ont toujours eu peur de tout [...]Les elfes, les nains et même les monstres disparaîtront dans le crépuscule du temps, comme une légende lointaine, jusqu'au jour où leur nom même sera oublié, vidé de sens, et où nul à la surface de la Terre ne croira plus à leur existence...
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Re: Anges démoniaques (roman fantastique)

Messagepar PlumeAPapote » 16 Juin 2014 18:24

Chapitre 10 : Double vue

Des halètements auraient pu retentirent dans la pièce. Des petits coups marquaient le tempo. Isolde, si elle avait encore été humaine, aurait sué de la racine de ses cheveux blonds rassemblés en une queue de cheval à ses baskets. Elle s’évertuait à projeter toute la force contenue dans ses poings sur Vincent. Ce dernier, lui avait gentiment proposé de lui apprendre quelques mouvements d’attaque et de défense, et pour se faire acceptait de lui servir de punching-ball.
Un jeté de jambe, coup de pied porté à la poitrine arrêté d’un geste du bras ; reprise d’un crochet du droit, visage protégé avant uppercut. Isolde n’abandonnait pas et revenait sans faillir à la charge. Enéa qui entraînait Lise, conseilla à Vincent de diminuer son niveau, de se mettre à la hauteur de son adversaire. Se fut difficile pour lui au début de ne pas réagir et d’oublier momentanément toutes les techniques qui le rendait invincible pour une jeune Nebula Tenebrae.

Lise quant à elle se débrouillait de mieux en mieux dans le maniement des armes blanches. Elle était parvenue à atteindre sa partenaire plusieurs fois et à lui infliger quelques entailles superficielles et d’autres plus profondes.
Isolde ne se débrouillait pas si mal, avec un adversaire à sa taille et quelques heures de plus d’entraînement, elle pourrait être à l’origine du changement de perception des vampires du repaire envers les Nebula Tenebrae.

Plus tard, alors qu’ils étaient tous très fatigués, deux gardes vinrent les escorter jusqu’au bureau du Grand Maître. C’est dans un silence et une attitude d’indifférence solennelle qu’Isidore les reçût. Il ne les invita pas à s’asseoir et ils restèrent bien droit, les mains dans le dos dans une attitude des plus respectueuses.
— Je vous ai convoqué pour vous faire part en personne de ma décision, commença-t-il.
Les trois vampires ne bronchèrent pas.
— J’ai étudié attentivement votre comportement depuis votre arrivée, j’ai été satisfait de vos efforts et de votre persévérance, aussi, je suis on ne peut plus fier de vous faire part de ma décision : vous êtes autorisés à sortir avec les autres pour défendre notre communauté. J’approuverai que vous vous joigniez à des groupes expérimentés pour commencer.
Ils acquiescèrent de concert. Lorsqu’il les congédia, Lise proposa de se rendre à la Crypte pour reprendre des forces pour la nuit ; mais le jeune Vim Sanguis comptait bien passer un peu de temps en tête à tête avec la jeune et jolie Nebula Tenebrae, alors ils se rendirent tous les deux dans un coin tranquille du repaire afin de faire plus ample connaissance. En descendant au dernier sous-sol, ils passèrent par le niveau des Vim Sanguis, Ladislas montait justement aux étages supérieurs. Il ne lui fit aucune remarque mais son air revêche parlait pour lui. Ils s’installèrent sur les fauteuils situés au pied de l’escalier, la pièce renfermant les humains offerts pour certaines occasions se trouvait dans le fond à gauche. Ici, il y avait très peu de passage, aussi, ils ne furent pas dérangés et purent converser en toute tranquillité. Isolde lui avoua son appréhension face à leur première véritable sortie en dehors du repaire. Elle exprima son anxiété, elle redoutait de décevoir son Maître, Théodore et le Grand Maître. Il la rassura en lui disant qu’il avait toute confiance en elle au vu de ce qu’elle avait montré à tous durant les séances d’entraînement.

Pendant ce temps, Ladislas, bouillonnait intérieurement depuis qu’il avait perçu chez son Prolis, son attirance et son profond intérêt pour la jeune Isolde. Il descendit à l’étage inférieur, au deuxième sous-sol, et se rendit dans le bureau d’Isidore. Il frappa trois coups avec force contre le panneau en bois. Isidore ne répondit pas de suite, il patienta quelques minutes, avant qu’on vienne lui ouvrir la porte. Vêtu d’un tee-shirt et d’un pantalon ample, Isidore semblait s’être habillé à la hâte, les ficelles de son jogging n’étaient même pas attachées.
— Lad ! Quelque chose ne va pas ? , lui demanda-t-il soucieux.
— Eh bien, cela concerne un point délicat, commença-t-il hésitant.
— Ce serait bien la première fois que tu prendrais des pincettes, mon vieux ! railla Isidore.
Le Maître des Vim Sanguis fit une petite moue, avant de reprendre : « Eh, bien, il s’agit une fois de plus de ton amendement de l’article II du Livre I de notre loi ».
Isidore haussa les sourcils, un peu perplexe, avant de s’exprimer : « En quoi cette modification te pose-t-elle des soucis ? ».
— Mon Prolis s’amourache d’une Nebula Tenebrae, avoua-t-il.
— Et ? demanda Isidore sans comprendre.
— C’est un rang inférieur ! Bon sang, c’est un Vim Sanguis, le Prolis du Maître des Vim Sanguis ! s’emporta Ladislas.
— Je comprends, mais je ne compte pas abroger l’article. Je prône des valeurs plus égalitaires et de liberté, alors, non, je ne peux donner suite à ta requête, Ladislas.
Le Maître des Vim Sanguis, se leva, lâcha un « bien » et se retira. Au moment où il refermait derrière lui, Lise apparut entièrement nue dans l’entrebâillement de la porte de la chambre. « Tu en as encore pour longtemps ? » lui chuchota-t-elle dans ses pensées. Pour toute réponse, il plana rapidement jusqu’à elle, l’enserra par la taille et la reposa sur la couette noire du lit à baldaquin.

A quelques mètres de là, Enéa ne profitait pas d’autant de tendresse de la part de son Créateur, Ambrosi. Il l’avait entièrement déshabillée, et l’avait fait mettre à genoux au pied de son lit, sur lequel il était confortablement assis. Il planta ses crocs dans sa gorge et manqua s’étrangler. Il crachota le sang qu’il venait d’aspirer, une expression de profond dégoût figurait sur son visage.
— Tu as vraiment un goût de merde ! Qu’est-ce que tu as foutu ? Pourquoi tu ne t’es pas reposée à la Crypte ? s’enquit-il sur un ton fortement désagréable.
Elle ne pipa mot. Quand il était dans sa phase « excès de colère », il valait mieux ne pas le contrarier davantage.
Il rejeta violemment sa tête en arrière et lui balança, alors qu’il descendait la braguette de son pantalon : « Tâche de me faire du bien pour une fois ».
Au bout de quelques minutes interminables pour Enéa : il s’agrippait rudement à ses cheveux et plantait ses ongles dans son cou en appuyant sur sa tête comme un dément, il lança de façon déplaisante : « Ouais, assez, ça ira, tu fais ça si mal, allonge toi sur le ventre ».

A la nuit tombée, Théodore et Isolde, Vincent et Enéa, Lise et Isidore, Ailbe et Aemilianna sortirent dans la fraîcheur de cette mi-décembre, le ciel était voilé par de nombreux nuages sombres : l’orage menaçait. Ils lévitèrent durant plusieurs minutes, et parvinrent à l’endroit où ils croisaient le plus de sorciers habituellement. Tous étaient concentrés, en particulier Vincent, Isolde et Lise. Ces derniers suivaient les autres, ils étaient incapables de prendre des repères au milieu de cette immense forêt. Les branches nues dessinaient des silhouettes fantomatiques dans l’obscurité. Les vampires ne percevaient pas grand-chose, mais se guidaient à l’instinct.
Une procession de huit sorciers se détacha soudainement des ombres : un jeune homme blond, son père Alexandre, sa grand-mère et quatre autres aux cheveux flamboyants. Lise, Vincent, Ailbe et Aemilianna reconnurent immédiatement la famille de rouquins : le père Aaron, les deux filles Cassiane et Gabrielle. La femme aux longs cheveux auburn devait être la mère. Lise percevant Isidore se crisper, se tourna vers lui, ses yeux grenat lançaient des éclairs, sa mâchoire était crispée et un rictus soulevait ses babines, dévoilant ses longs crocs tranchants. Il semblait sur le point de fondre sur la plus âgée des sorcières, laquelle affichait un petit sourire satisfait.
— Comme on se retrouve, mon très Cher Isidore ! lui lança-t-elle narquoise.
Il ne pipa mot, son corps se préparait : ses muscles se tendaient, ses poings se serrèrent.
— A qui le tour cette fois ? ajouta-t-elle, méprisable.
Et Isidore bondit droit sur elle. « Natalia ! » s’écria Catherine, la mère des rouquins.



Ce fût comme s’il tombait dans un abysse. Sa fureur mêlée au visage satisfait de la sorcière, le ramenèrent instantanément en 2010, un an auparavant. Lui-même, Ladislas leurs Prolis respectifs, Cadwallader et Agénor ainsi que Callista, la Prolis de Théodore, Enéa et Ailbe s’étaient retrouvés face à Natalia, son fils Alexandre, Catherine, Aaron et Cassiane, lors d’une soirée banale de chasse en Janvier.

Cadwallader, le Prolis d’Isidore, un jeune homme blond bâti comme un rugbyman marchait aux côtés d’Enéa, demoiselle élancée et musclée, les cheveux châtains foncés coupés en carré plongeant, affichant un air supérieur de par sa condition de vampire et parce qu’il avait fait ses preuves à maintes reprises. « Je t’en laisserai un bout, t’en fait pas mon cœur ! », la taquina-t-il en posant son bras musculeux sur ses épaules. Enéa lui fit une petite grimace en retour, et il l’embrassa affectueusement. Callista, une jolie brune plutôt petite leva les yeux au ciel.
— Les sorciers n’ont qu’à frémir, je suis particulièrement en forme ce soir ! Lança Cadwal.
— Oui, et bien tâche de ne pas faire un bain de sang à toi tout seul, comme pratiquement à chaque fois, répliqua Ailbe, dont les muscles saillaient sous son tee-shirt moulant bleu nuit.
— Comment ça ? On ne peut pas me reprocher mon efficacité.
— Pff, tu appelles ça de « l’efficacité », moi je dirais plutôt que c’est une question d’ego démesuré, rétorqua l’athlétique Vim Sanguis.
Agénor, la Prolis aux cheveux courts et blonds de Ladislas eut un petit sourire en coin suite à la réplique de son ami.
— Bref passons, Cad’, range tes « couteaux » et ne joue pas les gladiateurs, lui intima gentiment Isidore.
— Cher Créateur, se joua Cadwal, ce ne sont pas des « couteaux » – le mot lui inspira un petit rictus – mais des sabres, tu devrais la savoir fana des armes comme tu l’es, répondit-il d’un air faussement outré.
— Assez, je perçois une présence magique, leur affirma Callista, en faisant barrage de ses bras.
Tous se turent, la jeune vampiresse avait une sorte de don, elle sentait les sorciers et les vampires à des kilomètres à la ronde et ne se trompait jamais.

Le petit groupe parvint sur les zones à risques de la forêt et tombèrent nez à nez avec un groupe de sorciers. Le combat fut immédiatement engagé. Menés par Natalia, la plus âgée, les quatre autres sorciers utilisèrent de suite les sortilèges les plus puissants : provoquant de graves blessures. Aaron fit jaillir des étincelles de couleur rouge et des sillons apparurent sur le torse, le visage et les bras d’Ailbe. Le puissant Vim Sanguis, tenta immédiatement de se jeter sur lui ; mais ses pouvoirs le tinrent à distance. Dans le même temps Cadwal subissaient une averse de jets brûlants.
Natalia faisait pleuvoir des étincelles vertes sur Isidore. Il fut criblé d’un nombre considérable de balles en quelques secondes à peine. Son tee-shirt troué comme par une colonie de mites géantes, se tâchait de plus en plus de son sang.
Ladislas quant à lui était assaillit par des gerbes d’étincelles rouges et vertes. Il lévitait ou utilisait les arbres à proximité, même si l’absence de feuilles était fortement incommodante pour se dissimuler.
Enéa se battait comme une forcenée, elle était parvenue à approcher le fils de la plus puissante des sorcières présente, Alexandre. Elle était même arrivée à l’immobiliser un temps en lui mettant une dague sous le cou, cependant le loustic avait plus d’un tour dans son sac, il l’immobilisa avec un sort et elle se retrouva prisonnière de ses bras. Il ne s’embarrassa pas longtemps avec la Prolis de Ladislas, Agénor. Il l’emprisonna dans un brouillard opaque, elle ne pouvait pas en sortir, ne voyait rien de se qui se déroulait devant elle et on ne pouvait l’entendre.
Callista, la Prolis de Théodore, utilisait ses pouvoirs pour disparaître du champ de vision de Cassiane, et tenter de la surprendre pour prendre le dessus.
Les jets de lumière fusaient dans une cacophonie, illuminant les troncs d’arbres austères. Au loin, on devait voir des éclats de lumière vive semblables à un feu d’artifice, le bruit en moins.

Les sorciers passèrent sans traîner à la vitesse supérieure, assez des hors-d’œuvre, il fallait qu’ils fassent se pourquoi ils étaient là : détruire une bonne fois pour toute tous ces êtres assoiffés de sang et contre-nature. Les sortilèges de défenses laissèrent place au sortilège de destruction par excellence : le Lux Sphaera. Catherine donna le ton, mais Ladislas esquivait avec aplomb l’ensemble de ses tirs. Cadwal s’attelait lui aussi, en duo avec Ailbe, à demeurer loin des boules d’énergie lumineuses lancées à vive allure par Aaron.

Isidore faisait usage des prises qu’il avait expérimentées en aïkido. Mais malgré son âge, la sorcière était vive et manqua l’atteindre à plusieurs reprises. Tous les vampires faisaient de leurs mieux pour se dissimuler aux sorciers, usant de leurs pouvoirs et de leurs habiletés ; mais ce ne fut pas suffisant. Cassiane, une boule de lumière au creux de la main, avait préparé son attaque et n’attendait qu’un chose : que les forces de Callista l’abandonnent et qu’elle réapparaisse aux yeux de tous, sa patience paya et à peine la jeune Prolis de Théodore, qui n’était plus protégée par ses pouvoirs apparue à quelques mètres d’elle, qu’elle balança fortement sa boule d’énergie qui atteint sa cible en pleine poitrine. Le spectacle fut dérangeant mais tout aussi étonnant : la lumière intense contenue dans le sortilège sembla s’étendre à chaque parcelle du corps de la vampiresse, elle rayonna d’un éclat doré si vif que l’on était forcé de plisser les yeux pour s’en protéger, et elle implosa. La lumière la recouvrit totalement si bien que l’on ne distinguait plus sa silhouette et elle diminua d’intensité jusqu’à disparaître, le corps de Callista n’était plus.
Les vampires redoublèrent alors de violence afin de venger leur amie tombée au combat ; Ladislas parvint à atteindre Catherine et à lui briser un bras, elle s’effondra de douleur dans la terre humide. Cassiane fut déconcentrée de voir sa mère ainsi blessée et manqua se faire mordre par Agénor, la Prolis de Ladislas, cette dernière utilisa la force présente dans son sang et la poussa vigoureusement, la jeune sorcière s’envola sur plusieurs mètres avant de s’effondrer chiffonnée. Enéa était en position d’attaque, un genou au sol, deux dagues à la main. Avec l’une d’elles, elle para les jets de couleur verte que s’évertuait à lui lancer Alexandre. Ce dernier souriait, il demeurait confiant quant à l’issue du combat final, revigoré par la destruction d’un des suceurs de sang. Mais c’était sans compter sur la détermination létale d’Enéa ; elle effectua un rapide enchaînement de sauts et de roulades dans les airs avant de se positionner face à lui et de lui planter sa dague dans l’abdomen. Il hoqueta et s’effondra à genoux quand elle retira son arme. Son sang s’écoula abondamment et se mélangea à la boue. Natalia tentait d’atteindre Isidore et Ladislas mais ces derniers résistaient. Aaron envoyait à tout va, dans le désordre le plus total des boules d’énergie ; l’une d’elle rasa de près Enéa. Sans trop réfléchir, Cadwal se rapprocha de sa bien-aimée, esquivant les sortilèges. Mais Aaron parvint à atteindre Ailbe, le puissant Vim Sanguis, avec une gerbe d’étincelles vertes et celui-ci à bout de forces, tomba à la renverse. Les Lux Sphaera fusèrent de tous côtés, provenant de Natalia et Aaron dont les forces paraissent infinies.

L’une d’elle fut la bonne. Elle était dans la trajectoire d’Enéa, mais avant qu’elle ne l’atteigne en pleine poitrine, son petit ami Cadwal se jeta, pour court-circuiter sa course folle ; Agénor, la Prolis du Maître des Vim Sanguis, qui avait également vu le sorcier lancer son sort, s’était elle aussi précipitée pour protéger la jeune Dominus Noctis.
Enéa, avait vu cette scène se dérouler au ralenti devant elle : son amie et la personne qu’elle chérissait le plus dans le Repère, son compagnon avec lequel elle s’était unie, s’étaient jetés sur elle afin de lui éviter une disparition certaine. Elle les vit tous les deux, les visages déformés alors qu’ils bondissaient et en quelques secondes, ils ne furent plus que deux silhouettes étincelantes.
Natalia, le triomphe peint sur ses traits se tenait debout à proximité d’un énorme chêne, les paumes ouvertes tendues devant elle.
Enéa tomba à genoux dans la terre meuble incapable de tenir sur ses jambes. Isidore hurla comme un dément avant de planer jusqu’à l’endroit précis où son Prolis venait d’être détruit sous ses yeux.

Natalia et Aaron récupérèrent les leurs et quittèrent les lieux avec empressement avant se subir la revanche du Grand Maître.
Pour décrocher Enéa du sol boueux, il avait fallu qu’Isidore use de ses pouvoirs sur elle. Son cerveau c’était comme déconnecté, c’était comme si tout ce qui se passait autour d’elle ne l’atteignait pas, qu’elle n’entendait plus rien ; son esprit avait fait un blocage et c’était mis en position de sécurité maximale. Isidore c’était alors agenouillé auprès d’elle, lui avait murmuré des mots doux pour la réconforter, il avait hésité à la prendre dans ses bras, mais comme elle ne réagissait pas, il avait fini par le faire, l’avait hypnotisée et portée jusqu’au Repère. Ailbe avait dû retenir Ladislas par la force afin qu’il ne s’élance pas à la poursuite de Natalia, laquelle lui avait prit sa Prolis.

Le retour au Repère et les semaines qui suivirent furent extrêmement difficile pour Enéa, Isidore, Ladislas et Théodore, qui s’était vu ravir sa Prolis, Callista. La jeune Dominus Noctis restait prostrée dans ses appartements et se serait asséchée si Isidore – la seule personne qu’elle autorisait à venir la voir – n’avait pas veillé à lui apporter chaque jour du sang frais. Isidore aussi avait été très affecté par la perte de son Prolis avec lequel il avait partagé plus de treize années de complicité. Mais il avait vraiment beaucoup de peine pour la jeune Dominus Noctis, selon leurs textes de lois, son Créateur reprenait la main sur elle, puisque son compagnon avait disparu. Il avait alors usé de sa qualité de Grand Maître et avait fait reporter l’application du texte, à quelques semaines, le temps pour elle de faire son deuil dignement. Ambrosi n’avait pas omis de le lui faire payer. Le repère avait été attristé durant plusieurs mois à tel point que les réunions du Conseil Directionnel de l’Ordre des vampires et celles du Conseil de Sécurité des vampires de Lyon et Alentours avaient été reportées à des dates ultérieures.
Mais au fur et à mesure, tout avait repris son cours et l’animosité à l’égard des sorciers atteignait son paroxysme.



Alors que Catherine, la mère des rouquins interpellait son amie tandis qu’Isidore faisait une roulade dans les airs en se rapprochant inexorablement d’elle, le jeune sorcier blond regardait Lise de façon insistante comme s’il apercevait un fantôme. La jeune femme tourna son regard vers lui, leurs yeux, vert pour l’un et rouge pour l’autre se croisèrent et ceux du sorcier s’agitèrent nerveusement. Il murmura un « Non, ce n’est pas possible » emprunt de désespoir, avant qu’elle ne bondisse dans sa direction.

Enéa et Alexandre se retrouvait une fois de plus face à face : « T’as blessure à bien cicatrisée ? » lui lança-t-elle moqueuse. Et il frappa immédiatement, son arme blanche se nichant sous l’aisselle de la jeune femme. Vincent tentait de se rapprocher de la jeune sorcière, Gabrielle, qui ne cessait de lui lancer des jets de lumière qui le brûlèrent au bras. Isolde mettait en pratique les heures d’entraînement passées à maîtriser ses pouvoirs afin de devenir inaccessible à la redoutable Cassiane. Ailbe et Aemiliana étaient complémentaires dans leur attaque contre Aaron. Théodore demeurait invisible pour Catherine, qui tournait autour du nuage de brume en lançant quelques sortilèges.

Lise était parvenue à heurter la mâchoire du jeune sorcier avec son poing et s’apprêtait à recommencer. Il ne semblait pas tellement se protéger et il n’attaquait pas non plus. Il prit la parole, les mains en avant comme pour lui prouver qu’il ne lui voulait aucun mal : « Lise, c’est moi, je t’en pris dis moi que tu te souviens… ». Mais elle continuait de jouer des poings et des pieds. « Regarde-moi, je t’en prie, rappelle-toi », continua-t-il. Ses interventions n’eurent aucun effet sur elle. « Lise, c’est moi voyons, ARRETE ! » La jeune vampiresse ne lui prêtait aucune attention, ses yeux carmin renvoyaient des éclairs, ses crocs tranchants pendaient au dehors de sa bouche, et ses poings étaient serrés prêts à frapper de nouveau. Alors il tenta le tout pour le tout, il voulu la saisir par les bras, et tandis qu’il criait : « C’est moi, Benjamin ! », elle utilisa sa prise pour le mettre à terre, et avançait dangereusement ses crocs de sa carotide. Une seule morsure, et s’en était fini de lui.

Isidore atterrit face à Natalia, la sorcière qu’il méprisait le plus au Monde. La scène de la destruction de son Prolis se rejouait sous son crâne, il revoyait l’expression de satisfaction qui était alors apparue sur le visage de la sorcière. Il était dans un tel état de fureur que ses muscles saillants étaient agités de soubresauts. Il alla au plus près d’elle, de sorte qu’il puisse sentir son parfum fleuri et que ses crocs se trouvent à moindre distance de sa gorge. Il était bien trop proche pour qu’elle puisse utiliser ses pouvoirs, sans compter sur le fait qu’elle était terriblement effrayée : une rage pure, incontrôlable s’était emparée du vampire, à tel point qu’elle craignit vraiment pour sa vie. Elle aperçut alors son petit-fils, Benjamin en fâcheuse posture : les crocs de Lise allaient se refermer sur sa gorge ; alors dans un élan héroïque, elle lança une Lux Sphaera en direction de la jeune vampiresse. Cependant, elle n’avait pas prévu qu’Isidore se déchaînerait plus encore, et pour cause, elle avait une nouvelle fois mis en péril sa progéniture. Lise se décala à temps et évita le sort qui mourut contre un tronc d’arbre, laissant une trace de brûlure. Natalia, qui ne se protégeait plus et qui s’était tournée, exposa une seconde de trop sa gorge laiteuse et Isidore saisit cette occasion pour y planter ses longs crocs aiguisés. Les yeux de la sorcière se révulsèrent, son corps ne répondait plus, Isidore la lâcha et elle s’écroula sur le sol en éclaboussant de boue ses bas de pantalon. Le Grand Maître, sans un dernier regard pour la défunte, se rendit auprès de Lise, la bouche dégoulinante de sang. Les vampires se rassemblèrent et retournèrent en planant à leur repaire au centre de la forêt.
Les hommes ont toujours eu peur de tout [...]Les elfes, les nains et même les monstres disparaîtront dans le crépuscule du temps, comme une légende lointaine, jusqu'au jour où leur nom même sera oublié, vidé de sens, et où nul à la surface de la Terre ne croira plus à leur existence...
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Re: Anges démoniaques (roman fantastique)

Messagepar PlumeAPapote » 02 Nov 2014 18:57

PARTIE II : OBSIDIENNE

Chapitre 1 : Dernière chance

Ce matin là, il fut réveillé par le vent jouant contre les volets de sa chambre et le chuintement de la pluie sur le rebord de la fenêtre. Il se tourna de côté en soulevant l’épaisse couette qui le couvrait et jeta un œil au réveil rétro éclairé posé sur sa table de nuit. Il indiquait « 2 : 00 ». Il se retourna sur le dos, mais ne parvint pas à se rendormir. Il revoyait encore et encore le visage de sa meilleure amie Lise sans toutefois le reconnaître. Il ne ressemblait en rien au beau visage enjoué qu’il avait observé des heures durant et qu’il connaissait par cœur ; non, ses magnifiques yeux noisettes avaient été remplacés par d’affreux globes rouge, sa peau rosée était aujourd’hui blafarde et son regard ne reflétait rien de la Lise heureuse et épanouie qu’il avait adorée. Mais n’était-il pas en train de revivre un mauvais rêve ? Lise avait-elle vraiment été présente ce soir ? Et avait-elle vraiment tenté de le tuer ? Alors, il caressa la peau de son cou, et il reconnut les profonds sillons causés par ses ongles. Sa grand-mère était donc vraiment partie. Cette pensée, le rendit mélancolique, les larmes lui montèrent aux yeux mais il domina ses sanglots. Elle s’était comportée en héroïne, elle l’avait sauvée, s’était sacrifiée pour lui. Sa gorge et son cœur se serrèrent. Son attention fut attirée par une faible lumière provenant de la table de nuit, il se tourna et saisit son téléphone portable qui s’était éclairé. Une petite enveloppe apparaissait en haut de l’écran : il avait un message. Il le consulta : « Je n’arrive pas dormir, je pense que toi non plus, je suis tellement désolé de ce qu’il s’est passé ce soir, je suis là si tu as besoin de discuter avec quelqu’un ». Le message provenait de sa petite amie, Mélisande. Il lui répondit par retour : « Oui, c’est très dur pour ma famille et pour moi…j’aimerai que tu sois là… ». Sa réponse ne se fit pas tarder, le portable s’éclaira une fois de plus et il lut : « J’arrive » ; il était soulagé à l’idée qu’elle serait bientôt là, qu’elle le réconforterait par sa présence, mais il lui envoya tout de même : « Tu ne vas pas prendre ta voiture maintenant, en plus tu n’es pas habillée, je ne veux pas que tu te dérange pour moi, on se verra demain ». Mais elle lui envoya un dernier message qui disait : « ça ne me dérange pas, je serai là dans quinze minutes ». Son cœur se réchauffa malgré lui, à la simple pensée, qu’il pourrait se blottir dans ses bras dans une quinzaine de minutes seulement. Il profita de ce temps pour s’occuper du désordre : vêtements, bouquins de droit, classeurs et feuilles jonchant le sol. Au bout de cinq minutes, il descendit au rez-de-chaussée et patienta près de la porte, guettant par la fenêtre, l’arrivée de Mélisande. Lorsqu’il aperçu sa petite Twingo, il actionna l’ouverture du portail en fer forgé et ouvrit la lourde porte d’entrée. Il avait passé un peignoir et des chaussons, alors il sortit sur le perron. Elle verrouilla sa voiture, ses feux clignotèrent deux fois et elle le rejoignit un petit sac à la main. Il descendit les trois marches, déposa un tendre baiser sur ses lèvres avant de la prendre par la taille et de l’attirer à l’intérieur. Elle ôta son manteau, son écharpe en laine, son bonnet et ses chaussures. Il prit son sac et ils montèrent à l’étage. Une fois dans sa chambre, il ferma la porte et elle se dévêtit avant de se mettre sous les couvertures. Il retira alors son peignoir et ses chaussons et l’y rejoignit. Elle se colla contre lui et il lui déposa plusieurs baisers dans les cheveux. Il la remercia à voix basse d’être venue et l’enlaça.
Ils s’endormirent en quelques minutes, bercés par la respiration calme et paisible de l’autre.
Au bout de quelques heures, Benjamin s’agita violemment entre ses bras, il paraissait faire un cauchemar, alors, pour l’apaiser, elle lui caressa affectueusement les cheveux. Il se détendit, s’agrippa à elle et continua de dormir, elle en fit de même presque aussitôt.

Le lendemain matin les deux amoureux se réveillèrent dans les bras l’un de l’autre. Mélisande, fit courir gentiment ses doigts sur les joues de Benjamin, celui-ci esquissa un petit sourire de contentement. La jeune femme parvenait à lui faire oublier momentanément ses maux.
Benjamin descendit seul informer ses parents de la présence de Mélisande, sa mère, Maryline approuva sa venue. Elle lui indiqua que son père tenait le lit, trop affecté par les évènements d’hier. Elle enlaça son fils, il était inutile de lui demander comment il se sentait, et lui confectionna un plateau pour qu’il déjeune tranquillement avec sa petite amie. Cette dernière ne mit pas non plus sur le tapis le décès tragique de sa grand-mère mais attendit qu’il aborde lui-même le sujet, ce qu’il ne fit pas. Elle voyait qu’à certain moment, quand il buvait une gorgée de jus d’orange, ou grignotait sans grand enthousiasme une brioche, qu’il était perdu dans ses sombres pensées ; alors elle lui frictionnait tendrement l’avant-bras ou lui prenait la main. Elle ne détenait ses pouvoirs que depuis un an, mais lorsqu’elle le sentit surpassé, au bord des larmes ; elle posa délicatement sa main sur sa poitrine nue et chaude et ferma les yeux, en se concentrant, elle parvint à user de son pouvoir sur lui. Elle eu la certitude que ça fonctionnait, quand il ferma les yeux et la remercia à voix basse.
Mélisande avait, dès la découverte de ses pouvoirs, montré une certaine propension à la guérison. Alors qu’une lumière bleutée jaillissait de ses doigts, il se rapprocha d’elle et l’enlaça, sa main comprimée entre leurs deux poitrines. « Tu es un Amour », chuchota-t-il la tête enfouit dans ses longs cheveux châtains. Leurs petits-déjeuners terminés, il posa le plateau sur son bureau, alluma la télévision plus pour créer un fond sonore que par intérêt et revint se coucher. Il cala sa tête sur sa poitrine et la laissa le border chaleureusement. Ils passèrent la journée repliés dans la chambre, sans vraiment avoir de conversation, Mélisande sentait que ce n’était pas ce dont avait besoin Benjamin, alors elle se montrait attentionnée, affectueuse, lui prêtant oreille s’il lui prenait le besoin de se confier. Le midi, ils n’avaient pas tellement faim, alors ils demeurèrent assis dans le lit, à regarder vaguement des rediffusions d’épisodes de « Ma Sorcière bien-aimée ». En fin de soirée, après que les sandwichs préparés par Benjamin pour sa belle dont l’estomac criait famine furent dévorés, et après une bonne douche chaude prise séparément, ils éteignirent le lustre et se calèrent amoureusement tout près l’un de l’autre. Alors sa langue de délia et il prit conscience qu’il avait besoin d’exprimer à haute voix ses appréhensions, ses peurs, son chagrin.
— Tu sais, je n’ai vraiment pas cru ce que je voyais… commença-t-il.
Mélisande ne le coupa pas, les mots accédaient difficilement, elle devait lui laisser le temps de s’exprimer.
— …Lise, ajouta-t-il.
« Je ne comprends pas… pourquoi elle ? », poursuivit-il en se passant la main dans ses cheveux blonds en bataille.
— C’était ma meilleure amie ! Ma confidente ! Qu’est-ce que je suis supposé faire ? Nous sommes devenus meilleurs ennemis malgré nous !
Alors il se prit la tête entre les mains, et Mélisande entreprit de lui masser la nuque avant de répondre sur un ton se voulant optimiste : « Il doit bien y avoir un moyen, le Conseil doit pouvoir faire quelque chose ».
— Je doute que le Conseil porte un quelconque intérêt à tout ça ! Il dirige la Communauté dans le Monde entier, ce n’est pas une amitié brisée qui va les faire se remuer !
— Ta mère siège tout de même à la Commission Universelle des Sorciers et Sorcières, elle est juriste, ils ne …
— Ils se foutent de tout ça !
Mélisande ne réagit pas et conserva le silence quelques secondes. « Ben, tu es un excellent alchimiste, je suis certaine que tu parviendra à créer la potion de la dernière chance… », Lui murmura-t-elle.
— Tu plaisantes ou quoi ? C’est une potion extrêmement complexe, il faut plusieurs semaines de préparation, les risques de la rater sont si élevés, je ne suis pas capable d’un tel exploit, désolé de te le dire, mais tu m’idéalises trop chérie.
— Ai confiance en toi…ou en moi ! Je suis certaine que tu y arriveras, je t’aiderai s’il le faut ! insista-t-elle en s’asseyant sur le lit.
En lisant sur son visage une détermination sincère, il finit par hocher la tête.
— Nous devons nous y mettre le plus rapidement possible, si nous voulons sauver Lise, il faut que la potion soit impérativement utilisée avant qu’elle n’atteigne l’anniversaire de sa première année de « l’autre côté », l’avertit-il.
Mélisande approuva d’un signe de tête, Benjamin avait de nouveau une étincelle de détermination dans le regard.

Le dimanche, Mélisande et Benjamin montèrent au grenier afin de parcourir les grimoires rangés dans les bibliothèques et prendre en note la recette de la potion et les ingrédients nécessaires. Le charmant manoir tout de pierre et de bois disposait d’une tour qui s’élevait sur deux étages. Au rez-de-chaussée surélevé se trouvait un petit salon circulaire confortable, au dessus une bibliothèque bien garnie et un bureau sur lequel trônait un ordinateur portable, de cette pièce, un escalier en colimaçon permettait l’accès au grenier. Ils pénétrèrent tous les deux dans la pièce : de hautes bibliothèques en bois sur mesures épousaient la forme arrondie du mur face à l’escalier. Sur la gauche, une grande fenêtre était masquée par de lourdes tentures opaques. Une grande table en bois trônait devant l’ouverture, des chaudrons, fioles, boites et bocaux contenant des herbes et autres la recouvrait. Mélisande farfouilla dans les étagères, prit appui sur la pointes de ses pieds et parvint à attraper le livre dont ils avaient besoin : « Filtre et potions de niveau trois ». Elle le lui remit. Il examina la table des matières avant d’ouvrir le vieil ouvrage. Mélisande se posta à côté de lui pour lire par dessus son épaule.

« *** Potion de la dernière chance, permettant de raviver l’humain se trouvant au plus profond d’un jeune vampire dont la transformation est effective depuis moins d’un an.
Ingrédients :
– GINKGO BILOBA : 10g (feuilles)
– GINSENG : 10g (baies)
– KOLA : 20g (graines)
– LUZERNE — Medicago sativa : 6g (graines)
– THE NOIR — Camellia sinensis : 13g (feuilles)
– GIROFLES — Syzygium aromaticum : 20g
– ACEROLA : 21g (baies)

Préparation :
1) Faire infuser les feuilles de thé noir et celles de Ginkgo Biloba séparément durant la pleine lune.
2) Mélanger et concasser les baies de Ginseng et d’Acérola.
3) Faire revenir les clous de girofles.
4) Incorporer les feuilles au mélange de baies.
5) Remuer dans le sens des aiguilles d’une montre.
6) Incorporer les clous de girofle refroidis.
7) Laisser reposer au frais durant 7 heures.
8) Ressortir le mélange et ajouter les graines de Luzerne, 1g par 1g, tout en remuant dans le sens horaire.
9) Terminer en coupant les graines de Kola en deux et en les incorporant au mélange.
10) Laisser reposer 7 heures.
11) La potion est prête. »

— Je ne dispose pas de ces ingrédients, nous devons nous les procurer, l’informa-t-il.


Les deux sorciers, décidèrent donc de se rendre à l’apothicaire « COLOMBELLE » appartenant aux parents de la jeune femme le lendemain en fin de journée, après leurs cours. Benjamin avait continué à suivre le cursus « humain » car il était très intéressé par le droit et du fait que sa magie ne s’était pas manifestée avant cette année, ses parents l’avaient encouragé à poursuivre dans le circuit des humains. Mélisande quant à elle, suivait le programme d’apprentissage de l’école de Développement des Capacités Magiques et Sensorielles, dans laquelle enseignaient les parents de Benjamin. Les cours de magie : théoriques – étude des potions et sort ainsi que pratiques se déroulaient tous les matins, les après-midi étaient réservées à l’insertion dans le milieu professionnel, suivant l’attirance de chacun pour un métier sorcier. Mélisande était la stagiaire de Cassiane Lothier–Roche, la fille aînée d’une puissante famille de sorciers. Elle l’emmenait avec elle, effectuer des soins aux sorciers de la région.
Aussi, le lendemain, Benjamin reprit le chemin de la faculté et y retrouva ses amies, Agathe et Ella mais aussi sa cousine Lucie. Cette dernière avait le visage fermé, et il la serra fort contre lui, à aucun moment ils n’abordèrent la perte tragique de leur grand-mère paternelle. Lucie avait toujours été là pour lui, elle ne craignait rien, ne jugeait pas, on pouvait vraiment tout lui confier, comme lorsque Benjamin avait découvert ses pouvoirs.

C’était il y avait à peine trois semaines. Ils étaient tous les deux chez lui, dans sa chambre, en train de travailler à leurs devoirs de droit, quand ses mains s’étaient mises à s’éclairer sans qu’il ne sache vraiment comment il parvenait à faire ça. Elle était resté bouche bée, mais n’avait ni crié, ni ressentit de la crainte ; elle l’avait observé ébahie. Lui, s’était un peu mit à paniquer, voyant que le faisceau lumineux ne tarissait pas et craignant de provoquer un incendie. Elle l’avait rassuré, avait alors affirmé qu’il devait très certainement être un être exceptionnel, un ange, ou quelque chose de semblable. Alors il lui avait relaté la vérité familiale.
— Lucie, je ne sais pas vraiment par où commencer…on m’a fait promettre de ne rien te révéler, pour ne pas te mettre en danger…mais au vu de ce qui vient de se passer, je ne peux que t’avouer la vérité, avait-il alors commencé.
Elle était restée silencieuse, son regard n’exprimant aucun reproche, aucune inquiétude. Elle avait même l’air plutôt curieux. Elle l’incita à poursuivre d’un mouvement de la tête.
— Eh, bien, je suis un sorcier.
Les yeux de sa cousine s’illuminèrent, elle devait s’imaginer qu’il pouvait transformer des objets, faire léviter des personnes ou des choses.
— Attends, je t’arrête tout de suite, nous ne sommes pas comme les sorciers que tu peux croiser dans les contes…
— Nous ? l’interrompit-elle, avec un haussement de sourcils.
— …euh, oui, et bien nous sommes sorciers de générations en générations …
— Oh, mais alors, ta mère …, dit-elle après quelques secondes de réflexion.
— Eh bien oui, ma mère est une sorcière, mais …mon père aussi…avoua-t-il.
Les yeux de Lucie s’écarquillèrent.
— Tu veux dire… que mon père aussi, est…est un sorcier ? demanda-t-elle à voix basse.
— Oui, cela vient de grand-mère, confirma-t-il.
— Olala, mais pourquoi es-ce qu’on ne m’en a jamais parlé ? Ma mère est-elle au courant ?
— Les sorciers et leurs familles sans capacités courent un grave danger,… mortel.
Elle l’interrogea du regard.
— Oui, il existe une guerre avec d’autres créatures appelées vampires…
— Des vampires ? Tu veux dire des morts-vivants qui sucent le sang des gens ? s’enquit-elle.
— Oui.
— Tu me fais marcher ? lui demanda-t-elle hésitante.
— Non, la famille, grand-mère et tes parents voulaient simplement te protéger et donc te tenir à l’écart de tout ça.
— Mais alors mon père n’est pas policier ? Il fait quoi ? Il concocte des potions et les vend en cachette ?
Benjamin eut un petit rire, « non voyons, la communauté des sorcières et sorciers a besoin de personnes compétentes dans plusieurs domaines, les sorciers ne passent pas leur temps dans les grimoires à préparer des filtres en tout genre. Afin d’assurer la survie de notre communauté et vivre en harmonie, tout un système est nécessaire. Ton père est comme un policier humain, mais version sorcier : il enquête sur les meurtres d’humains et de sorciers accomplis par les vampires. Il fait partie du CCV, plus connu sous le nom de Département de Lutte Contre la Communauté Vampirique.
Lucie fût estomaquée par toutes ces révélations. Depuis, ce jour, les deux cousins s’étaient rapprochés.


L’après-midi, ils se mirent à l’écart des autres et Benjamin lui fit part de ses découvertes : « Je ne sais pas trop comment te le dire, ça va te faire un choc…mais on s’est promis de toujours se confier la vérité ».
— Dis-moi, j’encaisserai, lui assura-t-elle déterminée.
— Eh bien, hier soir,… commença-t-il.
Le souvenir de leur grand-mère s’opposa à leurs deux esprits. Il agita la tête comme pour chasser ses pensées et poursuivit : « …J’ai revu Lise, attends ne te réjoui pas, elle… a été transformée en vampire ».
Fort heureusement elle était assise sur le rebord d’un muret, sinon elle serait tombée le cul par terre, ses jambes refusant de la soutenir. Elle cligna plusieurs fois des paupières en agitant la tête.
— Moi aussi, je suis resté tellement con quand je l’ai vue ! Mais j’ai eu l’idée d’utiliser une potion afin de ramener la partie humaine qui se trouve enfouie au fond d’elle afin de tenter de la sauver ! lui confia-t-il enthousiaste.
— Tu veux dire qu’en buvant cette décoction, elle redeviendra humaine ?
— Eh bien oui et non, c’est plus complexe que ça. La mixture va faire ressurgir la Lise qu’elle était, que nous avons connu, mais de là à dire qu’elle sera guérit,… en réalité, tout dépend d’elle. Elle devra choisir entre son humanité et son côté vampire.
— Mais alors, il y a un risque pour que ça ne fonctionne pas ? demanda-t-elle les yeux emprunt de tristesse.
— Oui, malheureusement c’est la seule solution, et puis je suis à peu près certain qu’elle reviendra vers nous, lui répondit-il confiant.
Il lui expliqua qu’il se rendrait avec Mélisande à la boutique d’apothicaire afin d’acquérir tous les ingrédients nécessaires.

Clarence Vermont, chef du département de lutte contre la communauté vampire, plus connu dans le milieu sous le nom de CCV, se tenait devant le portillon d’une très belle demeure à l’ancienne en compagnie de Conogan Deveaux, le petit ami de sa filleule Cassiane Lothier–Roche. Ils avaient passé la matinée à faire le tour de plusieurs maisons du quartier qui avaient été visitées au cours de la nuit. Les corps de familles entières gisaient entièrement vidés de leur sang. Le téléphone portable du père de Lucie sonna, il l’ouvrit et décrocha : « Oui ? ».
— C’est Aaron, peux-tu me faire un rapide topo pour le Conseil ? lui demanda-t-il.
— Un nombre considérable de victimes humaines présentant deux entailles dans la gorge et appauvrit de la totalité de leur hémoglobine.
— Je vois, Evangéline Barsac, va s’en donner à cœur joie, répondit-il sur un air contrit.

Et effectivement, Aaron avait vu juste, la journaliste de « Nouvelles de la Communauté » avait fait paraître à la une les récents événements : le titre indiquait : « Bavure au Conseil ». L’article était franc et direct fidèle au personnage : « Plusieurs dizaines d’humains ont été retrouvés entièrement vidés de leur sang dans leurs demeures à proximité du parc de Parilly. Le problème est survenu en raison du décès de Natalia Vermont, puissance sorcière de la communauté à siéger au Conseil : en effet, la protection déployée sur les habitations environnantes notamment, était de son fait, alors lorsqu’elle a quitté notre Monde, la barrière défensive a disparue, et plusieurs habitations d’humains et de sorciers se sont retrouvées vulnérables et à la merci des créatures sanguinaires hantant les lieux à proximité. Il semblerait que tout cela ce soit produit en raison du manque de réactivité du Conseil, malgré la présence d’un de leurs membres et de plusieurs de ses proches.
Le Conseil avait pourtant affirmé que le secteur était sans risque, que leurs pouvoirs survivraient à toute attaque des vampires. Aussi, pouvons-nous remettre en question notre sécurité ; le Conseil protège-t-il vraiment nos familles, nos amis, nos voisins humains et sorciers ? »

En fin d’après-midi, Mélisande passa récupérer Benjamin devant l’université. Elle les conduisit à la boutique de ses parents qui se trouvait dans le vieux Lyon. La boutique était protégée par des sortilèges empêchant quelque humain que ce soit – n’ayant aucun sang de sorcier dans les veines – d’être en mesure de la voir. Elle se trouvait au détour d’une petite ruelle pavée, dans la vitrine, tout en sobriété, s’étalait des bocaux et sachets contenant diverses plantes. Benjamin salua chaleureusement les parents de sa petite amie, ses derniers lui demandèrent alors ce qu’il cherchait.
— Oh, rien de particulier, je mets à jour le stock familial, il nous manque les ingrédients les plus courants, répondit-il innocemment.
Mélisande, affichait un petit sourire bienveillant, et son demi-mensonge n’éveilla aucuns soupçons.
— Très bien, je te mets donc un peu de tout, lui répondit avec un sourire, Etienne, le père non sorcier de Mélisande.
Lorsque la transaction fut effectuée, que la bourse contenant ses pièces d’or se fut amaigrie, et que Mélisande indiqua à ses parents de ne pas l’attendre pour dîner, les deux jeunes sorciers rentrèrent au manoir des Vermont.
— Nous avons tous les ingrédients nécessaires, affirma Benjamin de retour dans le grenier.
— Oui, mais nous devons patienter jusqu’à la prochaine pleine lune pour infuser les feuilles.
— Oui exact, je dois m’entretenir avec mon parrain, Aaron au sujet de Lise…je dois le convaincre de faire voter une mesure de protection.
— Ça ne va pas être simple, lui indiqua Mélisande.
— Je le sais…je me demande si ma mère, mon père ou même mon oncle va rejoindre le Conseil, puisque … enfin tu sais, ma grand-mère … n’y siégera plus.
— Tu devrais le leur demander, et leur expliquer la situation, l’encouragea-t-elle en lui frottant affectueusement le dos.
Il approuva d’un hochement de la tête, incapable de prononcer le moindre mot.
Le dîner se déroula dans le silence. Alexandre grignota vaguement, son estomac était trop retourné pour qu’il puisse ingurgiter la quantité de nourriture habituelle.
Benjamin engagea la conversation avec des sujets légers, sans grand intérêt, puis il leur expliqua pour Lise : dans le feu de l’action, Alexandre n’avait pas prêter attention à ce qui s’était passé autour de lui ; et Maryline n’était pas présente.
— Oh bon sang, mais c’est horrible ! s’exclama sa mère, pourquoi es-ce que tu ne nous en as pas parlé tout de suite ?
— C’était trop dur pour moi, … en fait, je vous en parle parce que j’ai besoin de savoir si l’un de vous deux va rejoindre le Conseil…, avoua-t-il sans terminer sa phrase.
— Eh bien, je n’avais pas vraiment réfléchis à tout ça, mais tu as raison, notre famille doit être représentée au Conseil, je vais de ce pas préparer ma lettre.
Il s’excusa, se leva et monta à son bureau non sans avoir tapoté gentiment sur l’épaule de son fils.
Après le repas, et après qu’ils eurent passés un moment ensemble, Benjamin raccompagna Mélisande au portail du manoir, et elle retourna chez ses parents à bord de sa petite Twingo.
Les hommes ont toujours eu peur de tout [...]Les elfes, les nains et même les monstres disparaîtront dans le crépuscule du temps, comme une légende lointaine, jusqu'au jour où leur nom même sera oublié, vidé de sens, et où nul à la surface de la Terre ne croira plus à leur existence...
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Re: Anges démoniaques (roman fantastique)

Messagepar PlumeAPapote » 02 Nov 2014 18:58

Chapitre 2 : Gaea



La table trembla lorsqu’un poing heurta le panneau de bois.
— Bon sang ! Cessez de tourner autour du pot, de rejeter la faute sur les vampires ! Le Conseil a fait une erreur, les conséquences qui ont suivies sont irréparables, mais nous devons agir ! Nous devons retirer nos œillères, c’est terminé, c’est regrettable mais nous ne sommes plus aussi forts que par le passé, les vampires ont travaillés à l’instar d’une armée et sont parvenus à décupler leurs capacités ; pour remporter cette guerre, nous devons en faire autant !
Alexandre Vermont se rassit sur son siège. Autour de la grande table ovale, les autres membres du Conseil, dont Sixtine Roche et Aaron Lothier, demeurèrent silencieux jetant des petits regards aux sorciers installés face à eux. Le Conseil se constituait d’une vingtaine de sorcières et sorciers de la région, issus pour la plupart des plus vieilles familles magiques.
— Alexandre a raison, mes amis, débuta Aaron ; nous devons nous montrer prudents, les buveurs de sang font preuve de plus en plus d’intelligence. Il faut entièrement revoir notre système de protection des innocents.
Plusieurs sorcières approuvèrent d’un hochement de tête. Alors Sixtine Roche, l’une des plus anciennes sorcières présentent prit la parole : « Très bien, je propose que l’ensemble des sorts de protection soit effectué par une sorcière ou un sorcier ne prenant pas part au combat contre les vampires ». Son intervention fut saluée par l’auditoire à l’unanimité. L’assemblée décida ensuite que ce serait elle qui aurait la responsabilité de protéger l’ensemble des habitations des humains et des sorciers.
— Si vous permettez, j’aimerais également soumettre un point, commença Alexandre.
Comme personne ne l’interrompit, il continua : « Une jeune femme de vingt-deux ans, une humaine douce et attentionnée, la meilleure amie de mon fils, a été récemment enlevée et transformée par les buveurs de sang. Je souhaiterai soumettre au vote, la question de sa protection.
— Qu’est ce que cela signifie Alexandre ? demanda Viridiana Dubreuil, une sorcière âgée à la peau quelque peu fripée.
— Tu demandes à la Communauté, et notamment à la Brigade Spéciale d’intervention Anti-vampires – dont tu fais partie, de protéger une vampiresse, parce qu’elle fut par le passé, l’amie de ton fils ? s’enquit Yvan, le beau-fils de Viridiana.
— Voyons, faite preuve de compréhension ! Cette jeune femme avait toute la vie devant elle, un avenir prometteur, je crois qu’ils étudiaient le droit ensemble, n’est-ce pas Alexandre ?
Ce dernier hocha la tête et elle enchaîna : « cette jeune fille ne méritait pas ce qu’elle a subit, si il y a une chance, même infime de la sauver, alors nous devons laisser le champ libre à Benjamin, et l’assister du mieux que nous pouvons ». Lorsque Ermengarde, la sœur de Viridiana eut terminée son aparté et se fut rassise, les membres du Conseil pesèrent le pour et le contre.

Pendant ce temps, Benjamin avait rejoint ses amies sorcières : Alicia Combas et Gabrielle Lothier—Roche. Ils s’entraînaient dans la grange des parents d’Alicia à envoyer des sortilèges de défense qu’ils utiliseraient contre les « sang-froid » lors de leur prochaine sortie nocturne. Alicia évitait gracieusement les différentes attaques de Gabrielle en effectuant des mouvements souples. Les boucles rousses de la jeune femme sautillaient dans son dos tandis qu’elle usait de sa magie avec détermination. Alicia riposta et l’un des jets de lumière atteint Benjamin qui s’apprêtait à se réfugier derrière une botte de foin.
— Mais c’est qu’il m’a eu le petit chaton ! Grogna Benjamin.
— Tu vas voir de quoi il est capable le petit chaton comme tu dis ! Parce qu’au moins moi j’ai des pouvoirs spéciaux ! lui rétorqua-t-elle en lui envoyant une nouvelle fournée de sortilèges.
Gabrielle, fût prise d’un fou rire incontrôlable en voyant Benjamin faire le guignol derrière sa forteresse et plus encore lorsque le jet de lumière lui rasa le sommet du crâne. Mélisande choisit ce moment précis pour tirer la lourde porte coulissante de la grange. Lorsqu’elle aperçut son Ben qui se recroquevillait sous l’assaut d’Alicia elle lança avec amusement : « Mais qu’est-ce qu’il vous a fait pour que vous tentiez de lui brûler les fesses avec autant de sortilèges ? ». L’intéressé lui lança un vague « bonsoir chérie », d’une voix essoufflée. Alicia parvint à faire jaillir une étincelle de ses doigts et un ballot de paille s’enflamma. Mélisande regarda autour d’elle si un seau d’eau ne traînait pas près de la porte, mais il n’y avait rien. Alicia s’agitait, elle n’avait qu’une hantise, que Benjamin soit coincé derrière un rideau de flammes, et qu’elles ne puissent pas le sortir. Gabrielle bondit par dessus de vieilles caisses et trouva une bassine remplie d’eau, elle voulait s’en emparer, et approcha alors ses deux mains ; ces dernières s’illuminèrent d’un bleu topaze et l’eau présente dans la bassine jaillit par dessus les caisses en bois et suivant le mouvement de main de la jeune femme, fila droit sur le départ de feu, l’éteignant d’un coup. Mélisande accourut auprès de Benjamin, celui-ci la rassura en lui garantissant qu’il n’avait rien. Alicia observait Gabrielle la bouche béate, tandis qu’elle-même regardait attentivement la paume de ses mains.
—Gabi ! C’est formidable tu maîtrises l’eau ! S’enthousiasma Mélisande.
— Ce n’est pas parce que j’ai manipulé une fois de l’eau que je suis une Gaea. Rétorqua-t-elle.
— Certes, mais c’est un pouvoir très rare et puissant ! Insista Mélisande.
— Oui, je sais, ma grand-mère Sixtine maîtrise tout ce qui attrait à l’eau. Mais moi j’en suis incapable, je ne suis pas assez forte.
— Arrête de dire n’importe quoi ! Tu as affronté des vampires sanguinaires, tu es même parvenue à jeter une ou deux fois des sortilèges de catégorie deux, lors de nos séances d’entraînement ! Il faut que tu ouvres les yeux et que tu observes la sorcière que tu es vraiment ! La sermonna Benjamin.
— Quoi qu’il en soit, pas un mot aux parents ! Prévint Gabrielle.


Mélisande invita Benjamin à passer la nuit chez elle, après s’être assuré que cela ne dérangeait pas ses parents. Elle se montra attentionnée, aimante et usa de ses capacités pour l’apaiser : elle sentait qu’il était tendu, qu’il en avait gros sur le cœur, elle voulait qu’il ne soit aucunement gêné de se laisser aller devant elle, alors elle le prit amoureusement entre ses bras, posa sa tête sur son épaule et entreprit de lui frictionner le dos. Son pouvoir naissant de ses mains et circulant dans tout son corps pour le réchauffer et rejoindre le corps de Benjamin pressé contre le sien. Sa respiration se calma, il ne bougeait plus, ne parlait plus, si bien qu’elle crût qu’il s’était assoupi. Un petit sourire de contentement apparut brièvement sur ses lèvres, et elle n’esquissa aucun mouvement. Elle n’aurait put donner une durée approximative du temps qu’ils passèrent enlacer l’un contre l’autre, mais lorsque Benjamin remua, Mélisande en profita pour jeter un coup d’œil rapide à son radioréveil et aperçut que la nuit était déjà bien entamée ; alors elle se retourna vers lui et glissa son bras au dessus de son torse musclé. Il n’avait jusqu’alors pas évoqué la disparition de sa grand-mère et Mélisande en avait fait de même, pour ne pas le braquer.
— Tu sais, je doute vraiment d’être en mesure de protéger les humains et sorciers innocents des créatures sanguinaires et cruelles que sont les vampires. Après ce qui est arrivé à ma grand-mère, qui pourtant était la plus puissante sorcière que je connaisse, je me dis que je suis loin de l’égaler, je ne serais pas une bonne recrue pour la Brigade.
— Tu ne dois pas douter de toi, Ben, justement Natalia était un être incroyablement doué, fort, un pouvoir pareil se transmet de génération en génération, il coule dans tes veines.
— Je ne me sens pas de taille, je ne suis aucun cours à l’école de développement des capacités magiques puisque j’ai choisi la voie humaine.
Elle déposa un tendre baiser sur ses lèvres comme pour le réconforter.
— Dis, tu m’entraîneras ? lui demanda-t-il.
— Oh oui, répondit-elle et elle continua à l’embrasser.
Ses lèvres douces et chaudes effleurèrent sa mâchoire, sa gorge, son torse nu. « Et alors après, tu descends, tu descends ».
— Mais non je parle de sortilèges, précisa-t-il amusé.
— Ah bon, j’avais mal compris, répondit-elle en faisant l’innocente, un petit sourire en coin. D’accord, je testerai des capacités magiques.
— …mais tu peux continuer, c’est agréable, lui dit-il en lui caressant les cheveux.
— Ah, tu crois que c’est raisonnable, je dois préserver mon énergie pour les sessions d’entraînement.
Pour toute réponse, il se mit à lui chatouiller le ventre.
— Arrête ! Ben ! Tu sais bien que je crains ! lui demanda-t-elle en éclatant de rire.
— Ça t’apprendra à te moquer de moi, lui répondit-il en continuant.
Pour qu’il cesse de l’importuner, elle reprit ses baisers, en se faisant plus insistante, sa manœuvre de diversion fonctionna et au bout de quelques secondes, il la fit basculer sous lui.
— Qui es-ce qui dirige maintenant ? Lui demanda-t-il en lui lançant un regard de braise.
Elle eut un petit rire et le laissa caresser son corps avec tendresse.

Après leur instant de démonstration d’affection, il la tenait près de lui et caressait son bras.
— Oui, bah comme tu es plus vieille que moi, tu dois être en mesure de m’apprendre tout un ensemble de choses sur la magie, la taquina-t-il.
Elle lui lança un jet de lumière étincelante sur la peau de son ventre découverte et il gémit. Il ne broncha pas, parfois il oubliait qu’elle était une sorcière de vingt-trois ans et donc qu’elle avait expérimenté ses capacités depuis plus de deux ans contrairement à lui qui venait d’atteindre l’âge auquel se manifestait la magie.
— Hum, si je suis si vieille, pourquoi ne pas demander de l’aide à ton Parrain, après tout, c’est son rôle, lui fit-elle remarquer faussement vexée.
— Oh ne fait pas la tête, je plaisantais.
— Je sais, mais toi au moins tu as un Parrain. On n’a pas décelé des capacités époustouflantes, un destin exceptionnel pour juger nécessaire de me confier à une Marraine ou à un Parrain.
— Tu dis n’importe quoi, Mélis, tu es fabuleuse ! Il ne t’on pas imposé la cérémonie de Marrainage justement parce que tu n’as pas besoin de guide ! Tu es autodidacte ! Tu es époustouflante lorsqu’il s’agit de soigner, d’apaiser.


Ce mercredi, alors qu’il était presque dix-neuf heures trente, Alexandre Vermont se préparait pour la réunion du Conseil qui devait se tenir dans une heure au Centre Directoire. Sa demande concernant la jeune Lise métamorphosée en être assoiffé de sang devait être débattue et une décision devait être prise. En ajustant sa cravate, il espéra vraiment que le Conseil se rallierait à son point de vue, sinon, cela anéantirait son fils, Benjamin ; et il savait qu’il prendrait tous les risques nécessaires pour protéger son amie quoi qu’en ai décidé l’Assemblée. Il ne pouvait que le comprendre et même l’approuver, il aurait agit de la même manière. Maryline le rejoignit dans la chambre, tandis qu’il faisait face à un miroir sur pied. Elle posa délicatement sa main sur son épaule, pour lui signifier qu’elle avait confiance en lui, qu’il saurait convaincre le Conseil, et qu’il ne devait pas s’en vouloir si ses efforts restaient vains, que son fils ne le lui reprocherait pas. Il déposa un baiser sur ses lèvres avant de prendre son manteau et quitter la pièce. Maryline demeura un instant debout face au miroir, puis elle respira un bon coup et redescendit au salon. Alors qu’elle devrait patienter au minimum deux heures avant le retour de son époux, elle commença par s’emparer du roman qu’elle avait débuté et qui trônait sur le guéridon à côté de la lampe. Mais elle ne parvenait pas à se concentrer suffisamment et fini par le refermer alors qu’elle n’avait lu que quelques lignes plusieurs fois de suite sans en comprendre le sens. Elle monta alors au grenier pour ranger les grimoires qui jonchaient le sol, les fioles et les ingrédients par catégories, dans de beaux bocaux sur lesquels étaient collées des étiquettes indiquant son contenu dans une écriture calligraphiée. Puis elle redescendit au salon mettre un peu d’ordre dans la bibliothèque entre quelques coups d’œil jetés par la fenêtre pour surveiller l’arrivée d’Alexandre. Lorsque son véhicule pénétra dans la propriété et que le portail se refermait, elle tenta d’apercevoir son expression. Elle ouvrit la porte alors qu’il grimpait les marches du perron.
— Ils ont accepté qu’une motion soit diffusée indiquant que Lise ne devait en aucun cas être attaquée par la Communauté Magique ! s’exclama-t-il ravi.
— C’est formidable ! Tu dois appeler Ben ! lui répondit-elle un immense sourire aux lèvres.
— C’est déjà fait, il est fou de joie ! lui apprit-il tandis qu’il refermait la lourde porte en bois.
— Cela a-t-il été plutôt aisé ou tu as du leur faire tout un argumentaire ? S’enquit Maryline.
— Eh bien figures-toi qu’ils n’ont pas tellement chipoté ! Ah si, sauf Viridiana, mais tu la connais !

Le lendemain soir, Alicia, Benjamin et Mélisande s’étaient de nouveau réunis dans la grange.
— Tu dois sentir la magie parcourir ton corps, la sentir vibrer dans tes veines, expliqua Mélisande au jeune homme.
— Oui, nous ne faisons qu’un, je la sens couler en moi, murmura-t-il tandis qu’il fermait les yeux et que son visage était crispé par la concentration.
Au bout de quelques minutes, il lança un sortilège sur le mannequin qui servait de cible. Mélisande le congratula.
— A toi Alicia, montre-moi ce que tu sais faire, l’encouragea-t-elle.
— Oui, Alicia, cela fait un bout de temps que tu ne t’ai pas transformée, observa Benjamin.
— Je n’y suis jamais arrivée de moi-même, la dernière fois c’était face à vampire, je n’ai aucune idée de la façon dont il faut procéder.
— Concentre-toi, laisse ton pouvoir s’accaparer ton corps, ne le rejette pas, n’ai pas peur de lui, lui chuchota-t-elle tandis que la jeune femme fermait les yeux.
« Tu sens l’énergie concentrée au creux de ton ventre ? » reprit-elle. Alicia hocha la tête, alors Mélisande poursuivit sous l’œil admiratif de son petit ami.
— Laisse cette chaleur grossir, atteindre chaque parcelle de ton corps, lorsque tu te sens prête, ouvre-toi à elle.
Alors sous les yeux des deux autres sorciers, Alicia, les paupières toujours closes, s’agenouilla et dans les minutes qui suivirent, son enveloppe corporelle mua, l’humaine laissa place à un chat assis, le regard perçant et intelligent.
— Waouh !
Benjamin était bouche bée. Il fixait l’animal d’un air ébahit. Alicia gambada jusqu’à lui et frotta sa tête contre sa jambe de pantalon, alors il explosa de rire. Tandis qu’il lui grattait affectueusement l’encolure et le derrière des oreilles, Mélisande intervint : « ça suffit maintenant, tu vas gaspiller toute ton énergie, Alicia ». Alors le chat s’éloigna de l’emprise du jeune homme, et Alicia réapparue un grand sourire aux lèvres.
— Merci Mélisande ! lui lança-t-elle avant de se jeter dans ses bras.

Cette nuit là, Benjamin se réveilla en pleine nuit, incapable de se rendormir, il était dépassé par la situation : sa meilleure amie se trouvait entre les griffes de l’ennemi, dépossédée de son humanité, privée de son cœur, de ses souvenirs, contraint de se nourrir de sang humain. Il se frotta le crâne des deux mains, son souffle lui manquait, alors il tira les couvertures et se leva en caleçon ; il tira les doubles rideaux et observa les étoiles. Les constellations brillaient intensément sur fond de ciel d’encre. La cérémonie de l’Etoile, pour sa grand-mère, s’était déroulée en présence des sorciers ayant assistés à sa disparition. Chacun avait lancé au même instant que les autres, un Lux Sphaera en direction du ciel sombre en conservant le silence. Les sorciers, selon les croyances populaires retournaient à la nature, à l’univers. Alors pour accompagner leur chemin jusqu’aux étoiles, les proches traçaient une route rassurante constituée de boules de lumière. Le sorcier pouvait ainsi rejoindre les cieux et illuminer les nuits des vivants tandis que ses pouvoirs se dispersaient aux quatre vents, et permettait de ragaillardir un arbre mal-en-point ou une fleur fanée, mais aussi réconforté un oisillon tombé du nid, ou encore insuffler l’espoir en tout être vivant.


Le vendredi soir, Benjamin et Gabrielle avaient demandés à pouvoir accompagner les sorciers en intervention. Leurs parents avaient acceptés, « c’est sur le terrain que l’on apprend » avait répondu Aaron. Alors Cassiane et son petit ami Conogan avaient été réquisitionnés pour la nuit. Ce soir là, il faisait très froid et malgré leurs manteaux, écharpes et même bonnets, ils étaient gelés, surtout au niveau des doigts, mais ils leurs étaient impossible de mettre des gants, leur magie étant essentiellement concentrée dans leurs mains. Ils n’étaient pas gâtés au niveau du temps, le ciel était couvert par des nuages couleur charbon de bois, il ne tarderai pas à pleuvoir et ce ne serait pas une petite averse. Cassiane et Conogan, un grand brun très costaud qui approchait de la trentaine, fermaient le cortège. Benjamin et Gabrielle se trouvaient au centre, protégés par Aaron. Soudainement une procession de vampires apparue face à eux. Enéa et Ambrosi, un vampire à l’air vil, portaient des tee-shirts noir saillants ; Ailbe un homme grand et costaud vêtu d’un pull bleu marine moulant ses biceps surdéveloppés, et une jeune femme, Aemiliana, se tenait tout près de lui et portait les mêmes couleurs.
Deux groupes de détachèrent instantanément : Aaron et Conogan et Ambrosi et Ailbe. Cassiane, sa jeune sœur et Benjamin, firent face à Enéa et Aemiliana.
Du côté des hommes, Conogan bondit instantanément sur Ambrosi, il connaissait la réputation du suceur de sang : pervers, cruel ; il était hors de question qu’il le laisse toucher à un seul des cheveux de Gabrielle ou Cassiane. Le vampire l’attrapa au vol et enserra son cou dans l’étau de son bras. Conogan le foudroya d’étincelles vertes, Ambrosi battit en retraite le corps ciblé de balles, après avoir tenté de résister ; il encaissa et se mit à l’abri derrière un amas de sapins afin de reprendre quelques forces. Conogan ne le lâcha pas, il attendait qu’il revienne à la charge, ce qui ne tarda pas. Les deux hommes se battaient à main nues avec acharnement, Cassiane jetait des coups d’oeil éparses alors Aemiliana en profita pour la pousser violemment. Avec la force de la Vim Sanguis, la sorcière heurta un tronc d’arbre de plein fouet et s’affala à son pied, inconsciente. Benjamin déstabilisé, oublia une seconde qu’il ne fallait en aucun cas croiser le regard d’une Dominus Noctis, il en paya le prix fort : il fut paralyser, condamné à observer les siens combattre les vampires. Il ressentit une peur viscérale pour Gabrielle qui se retrouvait seule face à deux buveuses de sang, plutôt à l’aise au combat. Mais la jeune femme ne se démonta, c’est avec le plus grand sang-froid, qu’elle envoya dans leur direction, en prenant garde ne pas croiser leurs regards, une multitude de Lux Sphaera. Les deux vampires s’éloignèrent en planant et s’abritèrent au sommet de très hauts sapins.

Ailbe tentait d’utiliser sa puissante force afin de faire plier Aaron, mais ce dernier très habile, lui jetait tout un attirail de sortilèges. Ailbe sortit alors des shuriken, des étoiles de jets, afin de parer les attaques du sorcier.
Gabrielle observait les deux vampires nichés, se préparant au moment où elles redescendraient. Ce fût Enéa qui sauta et atterrit devant elle. Une bourrasque ramena ses boucles rousses devant son visage, elle les remit en place d’un geste rapide de la main. Une bruine commença à tomber des nuages : l’orage serait sur eux d’ici peu de temps.
Quelques gouttes coulèrent dans le creux de ses yeux vert tandis qu’elle bombardait la vampiresse de sortilèges. Benjamin était toujours statique, les bras levés comme s’il s’apprêtait à lancer une attaque. Voyant son père se battre rageusement avec le vampire à la carrure de rugbyman, elle ressentit une intense colère, un puissant instinct de protection. C’est alors qu’un fulgurant courant d’air prit naissance sous les pieds de la jeune sorcière, ensuite il se mit à tourbillonner comme un cyclone et se déplaça en direction de la jeune vampiresse, laquelle restée bouche bée n’esquissa aucun mouvement de fuite ou geste de protection, alors elle fut balayée et atterrit bien plus loin, la tornade l’empêchant de rejoindre l’endroit où combattaient ses camarades et ennemis. Alors qu’elle s’était déconcentrée, Benjamin fut libre de toute emprise. Aemiliana sauta de sa branche et atterrit devant les deux sorciers qui faisaient front. Benjamin lança plusieurs sorts et la vampiresse alla s’abriter à quelques mètres de là. Ambrosi avait réussi à sonner Conogan, qui gisait au sol, une plaie ouverte au crâne, il rampait difficilement jusqu’à Cassiane toujours inconsciente au pied d’un énorme chêne, tandis qu’Ambrosi, ses yeux carmins brillants d’un éclat de sadique, se léchait les babines, un immense sourire aux lèvres. Conogan, dont le genou semblait déboîté, s’arracha quelques ongles en grattant la terre pour avancer plus vite, il voyait déjà le vampire planter ses crocs dans la chair délicate de sa bien-aimée. Mais, malgré ses efforts, Ambrosi parvint à sa victime, s’agenouilla auprès d’elle dans un mouvement théâtral. Un immense sourire élargissait sa bouche de laquelle dépassaient deux longs crocs aiguisés ; il caressa ses cheveux roux puis ses joues rosies par le froid.
— Ne la touche pas, sale ordure ! hurla Conogan.
— Ah oui, et tu comptes m’en empêcher comment ? lui rétorqua Ambrosi, un effroyable et cruel sourire aux lèvres.
— Comme ça, lança Gabrielle, avant de pointer ses paumes en direction du sol.
Conogan et Benjamin l’observèrent incrédules, craignant pour sa vie, surtout qu’il ne se passait rien, Ambrosi éclata même de rire. Mais une grimace remplaça son air arrogant lorsqu’il sentit le sol trembler. Benjamin fixait Gabrielle en se demandant si elle maîtrisait ou non la situation. La jeune femme avait les paupières closes, le visage tordu par la concentration, elle n’avait pas cédé à la panique. Le sol frémit de nouveau avec force, au point qu’Ambrosi manqua tomber à genoux. La pluie commençait à tomber drue. Mais Gabrielle ne lâchait rien, la lumière verte que produisait ses mains redoubla d’intensité et un large sillon apparu dans le sol boueux. Le fossé s’élargit et isola le vampire sur une île de quatre mètres carrés. Puis avant qu’Ambrosi puisse voler jusqu’au morceau de terre resté accroché, des racines au diamètre d’environ cinq centimètres grimpèrent de la plateforme boueuse et s’élevèrent au dessus de la tête du vampire, formant une cage naturelle. Benjamin et Conogan avaient les yeux exorbités, la bouche béate. Ailbe, le Vim Sanguis qui avait observé toute la scène, ne bougeait plus non plus. Alors Aaron aida Conogan, Gabrielle et Benjamin portèrent Cassiane, et ils quittèrent les lieux sous la protection d’une bourrasque intense qui poussait les vampires en arrière et les forçaient à se couvrir les yeux.
Ils prirent tous la direction du manoir des Lothier–Roche puisqu’il était le plus proche. Benjamin téléphona à Mélisande afin de lui demander de venir les rejoindre, pour examiner Conogan et Cassiane qui n’avait toujours pas reprit connaissance. Sixtine et Catherine prirent immédiatement les choses en main, elles firent installer les deux amoureux mal en point : Conogan dans l’ancienne chambre de Cassiane et cette dernière dans celle de ses parents. Sixtine appliqua un gel qu’elle avait concocté sur le genou du jeune homme ; puis Aaron le lui remit en place sans délicatesse. Il n’hurla pas, mais serra les mâchoires avec violence. Catherine passa un linge humide sur le front de sa fille aînée. Mélisande arriva quelques minutes après, elle se rendit auprès de Conogan, ce dernier lui demanda de faire le nécessaire pour Cassiane, et s’il lui restait assez d’énergie de s’occuper de sa blessure au crâne. Elle appliqua une de ses mains sur le front de la jeune femme, et l’autre sur sa poitrine. Au fur et à mesure que la lumière bleutée jaillissait de ses doigts, Cassiane reprenait des couleurs. Lorsque la jeune femme ouvrit enfin les yeux, Mélisande sentit la tête lui tourner, elle s’allongea un moment sur le sofa qui se trouvait contre le mur, Benjamin veillant sur elle. Cassiane, très affaiblie et fatiguée, la remercia avant de s’endormir. Lorsque Mélisande se sentit mieux, et malgré les recommandations de son petit ami et de Catherine, elle se leva doucement et se rendit au chevet de Conogan. Elle s’assit sur le bord du lit et posa une main sur sa blessure, l’autre sur sa poitrine et ferma les yeux. Lorsqu’elle retira ses mains, la plaie était en train de cicatriser. Alors qu’elle se levait pour quitter la pièce et laisser Conogan se reposer, elle s’évanouit, Benjamin qui se tenait près d’elle la rattrapa entre ses bras et la porta jusqu’à la chambre d’amis, puis il l’installa sur les draps. Il la recouvrit d’une couverture et prit sa main dans la sienne, caressant ses cheveux, son visage. Au bout de quelques minutes, elle ouvrit les yeux à demi.
Au même moment dans le salon Sixtine et Aaron s’entretenaient avec Gabrielle. Son frère jumeau, écoutait leur conversation derrière la porte en bois.
— Sixtine, j’en suis sûr, je l’ai vu ! s’enthousiasma-t-il.
— Papa, je ne suis pas ce que tu crois.
— Gabrielle, pourquoi as-tu peur de tes pouvoirs ? lui demanda alors sa grand-mère.
— Je n’ai pas peur…je suis angoissée à l’idée de ne pas parvenir à les maîtriser.
— Mais cela vient avec le temps, rassures-toi, on ne va pas te reprocher ton hésitation et les sorts que tu rateras au cours des deux années qui vont suivre, il faut laisser le temps au sorcier d’apprivoiser sa magie, de lui accorder sa confiance, de fusionner.
Tandis qu’elle sortait du salon, son père lui ayant demandé d’aller se reposer, elle monta à l’étage, étant vraiment épuisée, elle ne prit pas la peine de saluer ni ses amis, ni sa famille et se rendit directement dans sa chambre. Son frère jumeau la rejoignit et toqua discrètement à la porte, elle lui ouvrit. Il entra et referma derrière lui.
— Ça va Gab ? lui demanda-t-il soucieux.
— Oui, t’inquiètes, je suis simplement très fatiguée.
— D’accord… alors comme ça tu …es une Gaea, chuchota-t-il.
— Euh, il semblerait d’après grand-mère, répondit-elle mal assurée.
— Ça t’effraie ?
— Oui… je suis anxieuse de ne pas être à la hauteur des attentes de la famille…
— Hum, je te comprends. Si tu as besoin, je suis là, pour n’importe quoi, n’oublie pas.
Et Isaac quitta sa chambre sans bruit.

Benjamin était toujours assis auprès de Mélisande ; il manqua s’assoupir à plusieurs reprises, mais tint bon. La jeune femme se réveilla et serra sa main qui se trouvait dans la sienne avant d’ouvrir les yeux.
— Comment tu te sens ? lui demanda Benjamin à voix basse.
— Ça peut aller, je suis encore un peu fatiguée.
Et c’est à ce moment là qu’on frappa délicatement contre le panneau de la porte. Il s’agissait de Sixtine.
— Tiens ma chérie, cela te feras du bien, affirma-t-elle en lui tendant un sautoir composé de perles rondes et noires.
— Qu’est-ce que c’est ? Je dois le porter ? la questionna Mélisande.
— Oui, Ben, passe-lui autour du cou.
La grand-mère de Gabrielle attendit qu’il s’exécute et s’enquit du ressenti de la jeune femme.
— Et bien bizarrement, j’ai l’impression que mes forces se régénèrent.
— C’est l’obsidienne, ma chérie, elle possède un puissant pouvoir de protection pour les sorciers.
Sixtine se retira, après avoir déposé un baiser sur son front et lui avoir recommandé de se tenir tranquille encore un moment. Après son départ, Mélisande qui jouait du bout des doigts avec les petites perles rondes, observa Benjamin : tous deux n’avaient jamais entendus parler que l’obsidienne était utilisée dans la Communauté.
Mélisande, Conogan et Cassiane passèrent la nuit au calme au manoir, Benjamin, Aaron et Catherine veillant sur eux.
Benjamin reçut un sms de sa cousine, Lucie : « Es-ce qu’on pourrait se voir demain, j’ai besoin de parler ? ». Il lui expliqua que Mélisande, entre autre, était mal en point mais qu’ils devraient aller mieux le lendemain, qu’elle pourrait passer à la maison.
Les hommes ont toujours eu peur de tout [...]Les elfes, les nains et même les monstres disparaîtront dans le crépuscule du temps, comme une légende lointaine, jusqu'au jour où leur nom même sera oublié, vidé de sens, et où nul à la surface de la Terre ne croira plus à leur existence...
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Re: Anges démoniaques (roman fantastique)

Messagepar PlumeAPapote » 03 Déc 2014 19:56

Chapitre 3 : Extrasensoriel

Benjamin resta près de sa bien-aimée durant toute la fin de la nuit, ils finirent par s’assoupir alors qu’il essayait de lutter depuis plusieurs heures, sa tête penchant vers l’avant, ses paupières se fermant malgré le combat qu’il menait pour les garder ouvertes, et pouvoir veiller sur Mélisande.
Lorsqu’elle s’éveilla, ses yeux avaient retrouvés leur intensité habituelle, elle l’observa amoureusement tandis que sa tête reposait affectueusement sur sa main. Elle se sentait en pleine forme, elle avait recouvré toute son énergie magique, elle baissa les yeux sur le sautoir et remercia Sixtine intérieurement. Quand Benjamin remua et releva sa mine froissée, elle le remercia et lui caressa tendrement les cheveux. Mélisande se leva et alla s’enquérir de l’état de santé de Cassiane et de son petit ami Conogan : la jeune femme se remettait, sa mère Catherine, lui avait fait boire plusieurs breuvages en sus des soins qui lui avaient été prodigués, et lui boitait à peine, mais elle le soupçonna de vouloir paraître viril.
Après qu’ils aient prit un délicieux petit-déjeuner qui acheva de recharger les forces de chacun, Benjamin raccompagna Mélisande chez ses parents afin qu’elle se repose.
Lucie passa au manoir avec ses parents, les deux cousins montèrent à l’étage pour discuter tranquillement. Ils n’abordèrent pas aussitôt le sujet de leur grand-mère même si il ne faisait aucun doute que Lucie avait besoin d’exprimer son chagrin. Mais soudain par la porte de la chambre restée ouverte, ils entendirent leurs parents élever la voix dans un brouhaha indistinct ; alors les deux cousins prêtèrent plus attentivement l’oreille et parvinrent à saisir quelques brides de la conversation animée.
— Honteux, pire ! Scandaleux ! s’exclama Esther, la mère non sorcière de Lucie.
— Je vais immédiatement contacter Aaron et les autres membres, nous devons agir avec célérité si nous ne voulons pas qu’Elle corrompe toute la Communauté en arrangeant nos propos, expliqua Alexandre, en faisant de grands gestes.
— Tu es donc persuadé qu’il s’agit bien d’Elle ? La questionna Maryline d’un ton posé, tandis qu’elle était assise sur le sofa.
— C’est évident que Viridiana est à l’origine du mouvement,…

— Tu crois que c’est grave ? S’enquit Lucie à voix basse.
— Je ne suis sûr de rien mais ça à plutôt l’air.
Ils rampèrent silencieusement dans le couloir en prenant garde de ne pas faire craquer le vieux plancher et s’agenouillèrent près de la descente de l’escalier.

— Aaron ? Pardon pour le dérangement, c’est une urgence… (silence) vraiment ? (silence) ah !
Alexandre téléphonait à son ami qui siégeait aussi au Conseil et les nouvelles ne semblaient pas réjouissantes. « Oui, Clarence et moi aussi, des lettres découpées dans les « Nouvelles de la Communauté »…oui pareil signé du « Mouvement de Sauvegarde des sorciers ».

— Qu’est ce qu’il se passe, ils ont reçu des menaces tu crois ? Parce que ton père a reprit la place de grand-mère ?
— Hum, oui, ça m’en a tout l’air, mais je ne pense pas que ce soit pour cette raison, répondit Benjamin soucieux.
— Descendons, après tout, tu fais partie de la Brigade Spéciale d’Intervention Anti-Vampires, proposa Lucie.
Les deux cousins se rendirent donc au salon, Lucie prit place sur le sofa entre sa mère et sa tante, tandis que Benjamin restait debout près de son père et de son oncle. Il jeta un coup d’œil sur la table : deux feuilles de parchemin sur lesquelles on avait collé des lettres gracieusement calligraphiées découpées sur un autre support, Benjamin déchiffra les quelques lignes : « Le Conseil a choisit son camp, celui de tueurs sanguinaires, dénuée d’humanité au préjudice des siens. Ces derniers ne le laisseront certainement pas faire sans agir ! Au Conseil de revenir sur sa décision sinon il en subira les conséquences ! ». Benjamin ne pipa mot, il attendait qu’on s’adresse à lui, il était persuadé que le problème venait de sa demande.
Alexandre tournait en rond, en ne cessant de passer une main dans ses cheveux bruns. Comme l’ensemble de sa famille restait silencieux, Benjamin se risqua à demander : « Qu’est ce que vous allez faire ? Vous ne pouvez pas risquer vos vies pour un vampire, vous ne pouvez pas vous permettre de vous mettre à dos la Communauté », continua-t-il d’un ton qui se voulait ferme et assuré. Il agirait seul pour protéger sa meilleure amie. Alexandre et Clarence se jetèrent un regard.
— Notre position est difficile, Ben, nous représentons la sécurité, le rempart face aux dangereuses créatures qui hantent nos forêts.
Son fils hocha la tête, compréhensif.
« Mais dans le même temps, ne sommes-nous pas tenu de protéger les innocents ? ».
— C’est délicat, il s’agit de ma meilleure amie, Lise ; je suis persuadé que tu n’aurais même pas considéré la question si ça avait été quelqu’un d’autre, fit remarquer Benjamin sans reproches.
— Je ne sais pas. Je suis vraiment partagé, je doute de ce qu’il est bon ou non de faire. D’un autre côté, je conçois parfaitement l’incompréhension des autres Sorciers.
— Nous devrions prendre la nuit afin d’y réfléchir sérieusement, puis dormir, pour que cela puisse nous apporter les meilleurs conseils, proposa sagement Clarence.
— Tu as raison, nous allons nous rendre au manoir des Lothier–Roche, je contacte Aaron, puis nous verrons ce qu’il convient de faire demain.
Tandis que les deux hommes se préparaient à sortir, Maryline proposa une tisane à Esther. Benjamin et Lucie indiquèrent qu’ils allaient se coucher et montèrent quatre à quatre les marches. Lorsqu’il eut refermé la porte de sa chambre, Lucie lui demanda : « Tu penses qu’ils vont trouver un moyen pour satisfaire les intérêts de tous ? ». Avant de répondre, Benjamin se dirigea vers le canapé lit et le déplia après l’avoir débarrassé de ses coussins.
— Franchement, je n’en ai pas la moindre idée.
On le devinait soucieux aux traits plissés de son visage. Il remit les coussins sur le lit d’appoint, sortit deux couvertures de son armoire et les arrangea sur le matelas. Lucie se glissa dessous, bien au chaud et entreprit de retirer son pantalon et son pull. Benjamin enleva sa paire de jeans et s’installa dans son lit, il plaça son oreiller au pied, afin d’être plus proche de sa cousine pour discuter discrètement. Ils se remémorèrent les bons souvenirs de leur enfance, tous les bons moments partagés en famille surtout avec Natalia qui choyait toujours ses deux petits-enfants qu’elle affectionnait tant, et qui le lui rendait. Lorsque leurs deux pères rentrèrent enfin au manoir, ils ne dormaient pas encore.
— Elle me manque…chuchota Lucie.
Benjamin ne répondit pas, les mots étaient inutiles, toutefois, il lui prit la main.
Et comme si le poids de ses paroles l’avait empêchée de trouver le sommeil, Lucie glissa doucement vers le royaume des songes. Sa respiration se fit plus lente, quelques minutes après, Natalia apparue dans son esprit : elle portait une longue robe, ses courts cheveux bruns ondoyants comme sous l’effet d’une brise, un halo étincelant flottait autour d’elle, Lucie jeta un œil vers la couche de Benjamin, il dormait profondément, les yeux fermés, la bouche entrouverte. « C’est un beau rêve », murmura-t-elle. Natalia eut un petit rire.
— Suis-moi ma chérie, lui chuchota-t-elle.
Et tandis qu’elle sortait de la chambre en passant au travers du panneau, Lucie se leva. Elle enroula une couverture autour d’elle afin de cacher ces jambes nues, puis elle ouvrit le plus délicatement possible la porte. Evidemment, elle grinça, alors qu’elle grimaça et vérifia que Benjamin dormait toujours à poings fermés : aucun doute, il n’avait rien entendu, il ronflait même, elle sortit de la pièce, prêta attention aux lames de parquet, ce n’est que quand elle réalisa qu’elle rêvait qu’elle eut un petit rire, se traita d’idiote et monta l’escalier sur lequel Natalia l’attendait. La silhouette fantomatique de sa grand-mère fila jusqu’au grenier, les reflets de la lune filtrant au travers de son corps diaphane, Lucie entra dans la pièce avec hésitation, et resta sur le seuil, tandis que Natalia prenait place face aux immenses bibliothèques du fond. Elle ria de nouveau et farfouilla au milieu des vieux grimoires tout écornés, entre deux énormes volumes, elle dénicha un fin carnet ; elle le prit entre ses doigts invisibles et l’ouvrit, tandis qu’elle parcourait les pages recouvertes d’une écriture joliment calligraphiée, Lucie resta immobile à l’observer, puis Natalia lui tendit le petit grimoire, la jeune femme ne comprenait pas vraiment ce qu’elle devait en faire, mais s’avança, la main tendue…

Elle ouvrit les yeux et constata qu’elle était allongée à même le plancher, des immenses étagèrent s’étendaient contre un pan de mur. Elle se rendit compte qu’elle était bel et bien au grenier, elle s’assit et avisa l’endroit précis où s’était trouvée sa grand-mère dans son rêve. Elle allait se mettre debout quand Benjamin apparut sur le seuil, il venait de se réveiller, il portait son bas de pyjama et n’avait pas passé de tee-shirt sur son torse svelte. Il glissa négligemment sa main dans ses cheveux avant d’interroger sa cousine du regard.
— Qu’est qu’il se passe Lucie ? s’enquit-il alors qu’elle ne prononçait pas un mot.
— Je ne sais pas, je me suis réveillée ici…
Benjamin engloba la pièce du regard, comme s’il s’attendait à remarquer un quelconque détail.
— Tu es somnambule ? demanda-t-il pourtant certain de la réponse.
— Non, pas que je sache, répondit-elle en haussant les épaules.
— Bah ce n’est pas très grave, tant que tu ne sors pas du manoir. Tu es perturbée par la disparition de grand-mère, cela peut se manifester ainsi.
— Eh bien en parlant d’elle, je rêvais qu’elle était présente dans la pièce avant que je ne me réveille, tu ne trouves pas ça étrange ?
— Simple coïncidence, répondit-il en haussant les épaules.
Elle se releva, se drapa dans la couverture et redescendit dans la chambre.
— On devrait se remettre au lit, il n’est que trois heures du matin. Indiqua Benjamin avant de reprendre sa place au chaud.
Lucie eut un peu de mal à se rendormir. Les deux cousins s’éveillèrent vers huit heures en entendant Alexandre et Maryline s’agiter en bas. Ils descendirent s’enquérir des nouvelles : comment se portait Cassiane et Conogan, et ce qu’il avait été décidé de faire contre les opposants au Conseil, le « Mouvement pour la Sauvegarde des Sorciers ». Maryline leur apprit que le couple était parfaitement remit.
— Tu as pu discuter avec Aaron, hier soir ? demanda Benjamin.
— Oui, si cela peut te rassurer, nous restons sur notre position, Lise aura un statut particulier, aucun Sorcier quel qu’il soit n’a l’autorisation de la détruire.
— Et les lettres alors ? s’enquit le jeune sorcier.
— Nous ne céderons à aucune menace ! répliqua fermement Alexandre.
— Je vois, mais ils vont forcément faire pression par d’autres moyens…
— Nous en avons parfaitement conscience, nous ferons avec.
— Bien, je te remercie de ne pas avoir abandonné mon amie, et de te battre pour elle, c’est important pour moi, pour nous, ajouta-t-il après s’être tourné vers Lucie.
Peu de temps après avoir déjeunés, Benjamin et Lucie remontèrent dans la chambre pour laisser Maryline et Alexandre discuter entre eux. Benjamin interrogea Mélisande, par messages, sur son état de santé ; elle lui répondit qu’elle se sentait revigorée, et lui proposa de passer la nuit avec elle, ses parents devant s’absenter. Il accepta et lui indiqua qu’il la rejoindrait dans la soirée.
— Dis Ben, je me demandais si tu avais revu Lise depuis.
— Non, elle n’était pas présente lors de ma dernière sortie, sa saleté de maître non plus d’ailleurs, je n’attends que la nuit où je vais enfin lui transpercer la poitrine d’une Sphaera, répondit-il virulent.
— Mais elle t’a reconnu ? Se souvient-elle de qui tu es ?
— Malheureusement non, elle n’a plus aucun souvenir de sa vie d’humaine, cette malédiction lui a tout prit ! Cette ordure de chef des vampires lui a volé sa vie, s’emporta-t-il.
Lucie s’approcha et lui caressa affectueusement l’épaule.
— Tu la sauveras, j’ai confiance en toi !
— Je n’en suis pas aussi sûr, si jamais sa partie vampirique est trop prononcée par rapport à sa partie humaine, la potion ne fonctionnera pas.
— Lise aimait sa vie, elle nous aimait … elle ne nous abandonnera pas si on lui en laisse le choix.
— J’espère bien que tu as raison Lucie…

En fin de soirée, Benjamin raccompagna Lucie et se rendit ensuite chez les parents de Mélisande. Cette dernière lui ouvrit la porte en déshabillé bleu roi. Il en resta estomaqué.
— Il faut en profiter Ben,…
— Ouais, ce n’est pas tous les jours qu’on a un moment intime seul à seul…
— Hum, d’autant que je n’aurais pas éternellement cette plastique frôlant la perfection, plaisanta-t-elle.
— Pff, tu seras toujours la plus belle à mes yeux, répondit-il charmeur.
— Ah oui ? demanda-t-elle rhétorique, en passant ses bras autour de son cou.
— Oui, lui répondit—il en se penchant pour l’embrasser.
— Tu aimes ? demanda-t-elle en virevoltant sur elle-même.
Il hocha vigoureusement la tête avec un grand sourire, puis caressa le tissu au niveau de ses reins en ajoutant : « C’est très doux », et il glissa ses deux mains plus bas et l’attira contre lui afin de lui offrir un langoureux baiser.
— On monte ? proposa-t-elle le regard brûlant.
Alors il lui prit la main et ils gravirent l’escalier. Sa chambre se trouvait sur la gauche, une pièce lumineuse en journée, grâce aux multiples fenêtres, chaleureuse, agréable : peinte couleur bleuet, des tapis épais et moelleux recouvrant le sol de parquets anciens ; le lit double habillé de draps de bonne qualité, dans les tons crème. Mélisande embrassa Benjamin sans retenue, se collant contre son corps puissant ; alors il glissa les mains dans ses cheveux châtains aux reflets roux et caressa ses joues de ses pouces.
— Tu es merveilleuse, murmura-t-il.
Elle sourit.
— Normal puisque je suis une sorcière.
Il agita la tête et leva les yeux au plafond.
— Je t’ai vexé Ben ? Attends, je vais me faire pardonner, lui dit-elle les yeux brillants d’un éclat sensuel.
Elle l’emmena gentiment jusqu’au lit au moyen de petites attentions.
— J’aime beaucoup ta tenue, mais j’adorerais plus encore te la retirer, lui lança-t-il espiègle.
Elle eut un petit rire et lui murmura dans le creux de l’oreille : « qu’est-ce que tu attends ? », tout en l’embrassant follement. Alors Benjamin fit glisser du bout des doigts le tissu en dentelle, la jeune sorcière sentit son corps s’embraser et lui retira également ses vêtements afin de profiter de ses attributs.
— Tu es magnifique, chuchota-t-il alors que ses lèvres effleuraient la peau chaude et douce de son ventre.
Elle le laissa explorer son corps nu tandis qu’elle caressait son corps bouillonnant.

— Tu scintilles ! s’exclama-t-il fasciné alors que leurs corps étaient amoureusement enlacés.
Mélisande observa ses bras, sa poitrine.
— Oui, bah je ne sais pas pourquoi, je suis emplie d’énergie magique, je le sens, ça te gêne, tu veux arrêter ?
— Non, bien sûr que non, d’autant que c’est agréable, je perçois ton pouvoir s’insinuer partout en moi.
Alors elle sourit avant de se pencher sur lui et de l’embrasser.

Le lendemain après les cours à la faculté, Benjamin se rendit dans une boutique spécialisée en objets magiques et rejoignit ensuite ses amis dans la grange des parents d’Alicia.
— J’ai un petit quelque chose pour vous tous, lança-t-il à l’assistance qui s’entraînait à lancer des sorts.
Il sortit plusieurs petits paquets de papier de soie, il en tendit un chacun en débutant par sa petite amie : Mélisande découvrit un long pendentif au bout duquel pendait une obsidienne, Gabrielle trouva une énorme bague fantaisie, Isaac un collier homme avec une pierre plate et rectangulaire ; Alicia, un collier avec une grosse pierre ronde. Benjamin leur montra son large bracelet qui contenait également une obsidienne.
— Ça aide à renforcer votre pouvoir et c’est énergisant.
Ils le remercièrent vivement de son attention et reprirent leur entraînement. Benjamin se coula vers Mélisande : « Mélis, je ne t’ai pas pris de bague puisque tu ne supporte pas en porter », Chuchota-t-il.
— Tu as bien fait…je n’ai pas dit que j’étais vexée que tu ai offert une bague fantaisie à Gab, elle adore, elle en porte tous les jours, c’est tout naturel.
Il lui déposa un baiser sur le front, puis ils rejoignirent les autres. Alicia avait réussi sa métamorphose en chat de couleur noir à l’instar de ses cheveux et Gabrielle s’amusait – grâce à son pouvoir, à lui lancer des gouttes d’eau quelle tirait de la petite bouteille qu’elle avait à la main. Isaac, Benjamin et Mélisande s’entraînaient à lancer des sorts contre les cibles.

Le soir, Lucie et ses parents : Esther et Clarence vinrent dîner au manoir des Vermont.
— Tu as reçu d’autres lettres ? demanda Clarence à son frère, tandis qu’ils prenaient un café.
— Non – il bu une gorgée, toi oui ?
Clarence secoua la tête à la négative avant d’ajouter : « pas encore ».
Lorsque Lucie et Benjamin eurent terminés leurs breuvages, ils montèrent à l’étage. Ils prirent place sur le sofa convertible.
— J’ai encore fait des rêves curieux, ils me paraissent vrais, mais il y a en même temps un côté imaginaire, je suis perdue.
— Avec grand-mère ?
— Oui, à chaque fois.
— Ce n’est pas grave, tu ne devrais pas t’inquiéter, c’est ton subconscient qui essaye de te transmettre un message.
— Oui, tu dois avoir raison. Tu en es où avec ta potion pour aider Lise ? demanda-t-elle pour changer de sujet.
— La recette est assez complexe, il faut déjà commencer la préparation à la pleine lune.
— Ah.
— Oui, malheureusement cela va prendre plus de temps que je ne l’avais prévu.
— Hum, surtout avec le conflit entre le Conseil et d’autres Sorciers.
— Oui, j’avais espéré régler cela au plus vite mais il va falloir faire avec toutes ces difficultés, je n’abandonnerai pas, quoi qu’il se passe, même si je dois être rejeté, ou pire, je ne lâcherai rien !
— Ne dis pas ça…on ne va pas arriver à de telles extrémités.
— Pff, tu ne sais pas de quoi sont capables les Sorciers ! Ils restent des êtres humains après tout ! répondit-il un brin d’écœurement dans la voix et une discrète grimace sur le visage.
Lucie eut soudain des maux de ventre, elle imaginait le pire, et si cette bande de détraqués lui faisait grassement payer sa désobéissance ? Mais d’un autre côté, il ne laisserait Lise pour rien au Monde, aux prises des vampires. Elle ne le comprenait que trop bien, elle en était malade elle aussi, mais elle doutait de disposer d’autant de courage.
— Tu ne voudrais pas me montrer la recette ? proposa-t-elle pour changer de sujet.
Il la conduisit au grenier, s’avança vers la table couverte de chaudrons, filtres, bocaux et autres fioles. Il feuilleta le grimoire tandis que Lucie demeurait sur le pas de la porte. Elle fixait un point sur le mur couvert de bibliothèques. Elle blêmit. Benjamin releva la tête, une expression d’incompréhension se peignit sur ses traits.
— Il y a quelque chose qui ne vas pas ? , Lucie ?
— Je ne comprends pas…articula-t-elle difficilement.
— Lucie ? ! cria-t-il tandis qu’il la voyait tourner de l’œil.
Il se précipita et la rattrapa de justesse avant qu’elle ne s’affale tête la première sur le parquet massif. Il posa sa tête sur ses genoux et l’appela à plusieurs reprises pour la faire émerger. Elle souleva enfin les paupières et se redressa.
— Qu’est-ce … ? demanda-t-elle tandis qu’elle se tournait vers les étagères en bois.
— Lucie ? Tu m’inquiètes.
— Ben, je vois des choses…que je ne devrais pas voir…je suis éveillée pas vrai ?
— Oui, tu ne rêves pas. Qu’est-ce que tu vois ?
Elle ne détachait pas son regard des étagères. Alors Benjamin — qui jugea, malgré son teint livide, qu’elle n’allait pas perdre à nouveau connaissance, décida de se lever et d’aller inspecter au plus près la bibliothèque, après tout il était sorcier, alors que sa cousine non, il devrait pouvoir percevoir quelque chose, si elle disait les distinguer clairement. Il ne ressentit rien de particulier et se tourna vers Lucie.

Lucie trouvait la situation presque comique : Benjamin cherchant désespérément dans les recoins des étagères tandis que son apparition riait avec bienveillance.
— Et après, ça s’autoproclame Sorcier ! railla-t-elle.
— Voyons, soit indulgente !
— A qui est-ce que tu parles ? demanda Benjamin sans comprendre.
— Euh eh bien, il y a quelqu’un d’autre dans la pièce.
Le jeune homme jeta un rapide coup d’œil englobant tout le grenier, l’air soupçonneux.
— Tu te payes ma tête ?
— Je te rappelle que c’est toi le plus farfelu de nous deux ! Tu es un Sorcier ! Moi non !
— Hum, bah on serait en droit d’en douter ! riposta-t-il, ce n’est pas moi qui vois un fantôme !
— Alors… tu me crois ?
— Evidemment ! Pourquoi me mentirais-tu ? D’autant que j’ai déjà lu des choses sur des personnes issues de familles de Sorciers capables de communiquer avec des fantômes.
— …en fait, il ne s’agit pas de n’importe quel fantôme, … c’est grand-mère ! avoua-t-elle.
— Vraiment ? Mais pourquoi suis-je incapable de la voir ?
— Oui, c’est elle.
— Va-y demande lui des explications, c’est…c’était une sorcière puissante, instruite, elle connaît sûrement la réponse.
— Elle t’entend Ben.
— Ah oui, suis-je bête !
La silhouette translucide de Natalia répondit avec le même timbre de voix que lorsqu’elle était sur le même plan que ses petits-enfants : « Tu es une Extrasensorielle ma chère Lucie ! Cela s’explique que tes ascendants étaient de puissants Sorciers, aussi, bien que ta mère n’ait absolument aucunes capacités magiques, tu as développé une certaine propension pour la perception de la magie : tu es capable de sentir le pouvoir, l’énergie ; et tu es très réceptive, c’est ainsi que tu es dans la capacité de ressentir ma présence et de la percevoir.
Alors que son cousin s’impatientait en silence, elle lui retranscrit tout ce que venait de lui expliquer Natalia.



(une question, un conseil est toujours bienvenu :HFsmil: )
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Re: Anges démoniaques (roman fantastique)

Messagepar Scrat » 08 Jan 2015 16:02

ah j'ai essayé de suivre mais j'avoue je n'accroche pas assez pour lire jusqu'au bout. Pardon !
En tout cas je salue la performance ! Persévère ! En soi l'histoire a l'air sympathique, il est peut-être un peu trop technique pour moi par moments. Travaille bien !!
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Re: Anges démoniaques (roman fantastique)

Messagepar PlumeAPapote » 08 Jan 2015 18:27

Coucou Scrat !
Merci d'avoir fait l'effort de me lire,
Es-ce que c'est l'abondance des personnages qui t'a rebuté ?
Tu dis que c'est un peu trop technique, qu'es-ce que tu entends par là ?
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Re: Anges démoniaques (roman fantastique)

Messagepar Scrat » 11 Jan 2015 16:06

par technique j'entendais les détails sur les pouvoirs de sorciers par exemple et niveau abondance de personnages je pense que ça va. Je crois en fait que j'aurais eu besoin que ça aille plus lentement, j'ai toujours besoin qu'on me prenne par la main huhu mais c'est ma faute, je commence par le milieu aussi c'est normal que ça avance.

Je pense que tu as très envie d'avancer dans ton histoire parce que tes idées sont claires. Tu nous expliques les pouvoirs des uns et des autres en coup de vent et ensuite tu embrayes. C'est bien mais pense à prendre un peu de temps dans ce que tu donnes.

Est-ce que c'était clair ? je ne suis pas une valeur absolue donc ne te formalise pas.
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Re: Anges démoniaques (roman fantastique)

Messagepar PlumeAPapote » 15 Jan 2015 13:42

Merci Scrat, petite précision du coup tu n'as lu que la seconde partie c'est la raison pour laquelle tout s'enchaîne, que je ne pose pas trop le décor, il faut que tu reprenne du début, je pense que chaque chose est expliqué petit à petit
A bientôt
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Re: Anges démoniaques (roman fantastique)

Messagepar Scrat » 15 Jan 2015 20:37

certes la faute est mienne ^^ j'irai faire un tour au début dans ce cas !
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